Il y avait de quoi être séduit par Pixels; petit produit commercial ayant pour but de rendre hommage aux têtes célèbres du rétro-gaming, il se posait comme un divertissement sans prétention enchaînant les scènes d'action à profusion. Petit bémol, Adam Sandler s'est joint à la partie, amenant avec lui son humour graveleux et sans talent.
Chris Columbus, spécialisé dans le divertissement pour adolescents (les deux premiers Harry Potter, c'était lui; Percy Jackson et Maman, j'ai raté l'avion aussi) se colle à la tâche de réaliser Pixels; mettant en image les idioties de Sandler, il marque par le manque de personnalité de son travail, devenant un simple tâcheron filmant mollement les excès d'acteurs en roue libre, en plus de mal gérer le grandiose attendu du combat final.
Beaucoup trop peu consistant, Pixels marque aussi par le manque de variété de ses plans, enchaînant les mêmes cadrages que toutes ces comédies de peu de qualité qui, sortant en périodes festives, étaient vouées à se faire oublier directement après leur première semaine d'exploitation. C'est au final très laid, avec toujours ces mêmes plans sur les mêmes notes d'humour prévisibles dès leur amorce, le tout saupoudré d'un filtre d'image sombre rendant fade toute la colorimétrie de l'oeuvre.
Le problème se pose là : déjà qu'on y tient un Chris Columbus qui ne sait pas filmer les vannes peu drôles de son film de merde, voilà qu'Adam Sandler ne sait pas écrire les blagues navrantes de sa nouvelle production oubliable. Potache à l'excès, il multiplie les blagues sur les gros, croyant pertinemment que le pipi caca fait encore rire les foules; sûrement vrai en Amérique profonde, il ne faudrait pas oublier que le reste du monde est un marché potentiel non négligeable.
Qu'Adam Sandler prenne son public pour un con, on le voit aussi dans la représentation abrutissante des geeks; puceaux à lunette et se branlant sur la figure sexy d'un jeu-vidéo, au point de conquérir la figure divine et féminine en fin de durée, on a directement l'impression que le film traite de thèmes qu'il ne maîtrise aucunement, tombant alors dans une vision sexualisante de la femme, comme si le sexe féminin n'était qu'un bout de viande à juger sur le présentoir d'un boucher.
On notera aussi le postulat de base stupide bien que propice à des excès d'humour, en plus d'un jeu d'acteurs catastrophique (une pensée pour Peter Dinklage, seulement présent pour jouer le nain drôle), d'un scénario complètement incohérent et de scènes d'action au manque de crédibilité affolant. Certes bien fait, Pixels remplace le feeling qu'aurait pu avoir son film par de la qualité technique, un peu comme un guitariste de métal qui, se branlant sur le spectaculaire de sa multitude de notes, oublie que la musique c'est avant tout un art, pas une démonstration.