J'ai été plutôt emballé il y a quelques mois par la première bande-annonce de Pixels. Le projet était plutôt original, dans la veine de Lego Movie, ça avait l'air drôle, Il y avait Tyrion Lannister avec une coupe mulet... Bref, je pensais avoir affaire à un gros délire sans prétention intellectuelle ou moralisatrice, visant juste à faire rire tout en faisant apparaître quelques références connues. Mais ensuite l'enthousiasme est retombé à mesure que le temps passait, et finalement, en toute honnêteté, j'ai plutôt été voir Pixels à défaut de mieux. Et même ainsi, Pixels m'a déçu.
Dans sa forme, Pixels est tout bêtement un blockbuster, avec tous ses travers. Tous les ressorts scénaristiques épuisés jusqu'à la moelle par Hollywood sont là, à tel point que résumer le scénario de Pixels revient presque à résumer Independance Day et ses semblables : un américain à la vie plutôt ratée sur le plan sentimental et professionnel, un Président des États-Unis (totalement improbable et incohérent en l’occurrence), un ermite adepte de la théorie du complot (remarquez comment le cinéma américain conventionnel fait de ce personnage un total bouffon d'ailleurs... mais je digresse) et un "type louche" (qui va FORCEMENT tout faire échouer par égoïsme), sans oublier une fille pseudo rebelle se retrouvent de manière inopinée confrontés à une invasion extraterrestre, et sont du même coup les seuls en mesure de la régler. Ils mettent en place un plan d'attaque ultime, tuent les extraterrestres et obtiennent amour, gloire ou réélection à la tête du pays. Indémodable on vous dit... De même, comme dans tout blockbuster qui se respecte, les effets spéciaux sont très présents et plutôt soignés, avec ceci d'original qu'ils sont exceptionnellement colorés pour un film de ce type. Et bien sûr le tout est en 3D. La musique n'a rien de remarquable, le jeu d'acteur non plus, en somme rien ne fait ressortir ce film de la masse des films à gros budget mais petit apport intellectuel.
Enfin... presque rien. Et c'est bien le problème.
L'humour de Chris Columbus, qui plaisait tant aux gamins des années 90, est en voie de disparition. Même Disney devient de plus en plus culotté dans ses plaisanteries destinées aux enfants, et désormais seuls des effets spéciaux monstres peuvent sauver des films tels que Pixels ou La nuit au musée. J'ai trouvé en réalité ce film dérangeant par sa mélancolie. Mélancolique car tous les personnages, avant l'invasion cubique, sont des quadragénaires en crise, traversant une période de profonde insatisfaction quant à leur vie. L'attaque des envahisseurs de l'espace et autres Pacman sonne comme un rappel de leur jeunesse si glorieuse, et c'est grâce aux héros de leur enfance que leur monde se remet à tourner. Mais tout cela reste dérangeant car cette nostalgie est amère, et s'oppose frontalement à la jeunesse geek actuelle. Les personnages principaux m'ont semblé totalement dépassés par notre époque, ce sont des vieux aigris, tout simplement. Preuve en est la quasi absence de jeunes en dehors des enfants dans le film. Je n'ai dénombré qu'un seul jeune adulte à prendre la parole, et ce figurant est un stagiaire arrogant et "connecté", ce qui ne peut pas être accepté dans un film où le personnage principal est encore bloqué à l'ère des bornes d'arcade. Ce jeune freluquet est d'ailleurs gentiment remis à sa place par le héros, plus vieux que lui et donc plus sage. Un autre dialogue est assez étonnant, dans lequel Sam Brenner (Adam Sandler) discute avec un enfant en train de jouer à un FPS, et exprime son incompréhension face à l'intérêt du jeu. Ce type de discours, je l'ai déjà entendu venant de parents ne jouant pas eux-même aux jeux-vidéos, ou alors n'en ayant pas touché depuis très longtemps.
Pixels n'est donc au final pas un simple blockbuster, ni même un hommage geek au rétrogaming. C'est un film anti-jeune, où la maturité et l'adaptation ont un goût d'échec et où les victoires ont un parfum de revanche sur un présent incompréhensible.