J'avoue que je suis d'assez loin la carrière de Christophe Honoré, dont le seul titre m'ayant plu remonte aux « Chansons d'amour ». La réconciliation n'a pas été d'avoir lieu ici : je pourrais même écrire qu'elle est en suspens, tout en restant lucide quand au fait que les titres que j'aimerais du monsieur resteront rares. Pourtant, la première partie m'a séduit : belle photographie, réalisation souvent inspirée, vraie sensibilité dans le regard, personnages intéressants et un minimum complexe : même si je n'ai pas été totalement convaincu par Vincent Lacoste, la présence de Pierre Deladonchamps compense largement, les seconds rôles s'avérant dans l'ensemble de belle qualité. Jamais simple d'aborder la question de l'homosexualité (et du Sida) sans tomber dans la lourdeur ou le démonstratif : le réalisateur y parvient bien, entre douceur, léger humour et relations complexes entre les différents protagonistes : sans être enthousiaste, je trouvais ça vraiment cohérent et plein de sens, que l'on soit plus ou moins réceptif à ce genre de films.
Seulement, c'était sans doute trop beau pour être vrai, la dernière demi-heure s'avérant invraisemblablement longue, sans que cela soit justifié par les enjeux ou le récit : tout pourrait être bouclé en un gros quart d'heure, mais non, ça parle, les scènes n'apportent plus grand-chose, on ne voit plus où Honoré veut en venir, heureusement ponctuée par de jolis moments et une sensibilité toujours palpable. Sincèrement, vu que je n'attendais pas énormément de « Plaire, aimer et courir vite », je ne m'en sors vraiment pas si mal. Il y a de belles qualités, des moments forts, une vraie dramaturgie, un élégant éloge de la littérature... Maintenant, difficile de m'emballer pour un film m'ayant presque ennuyé pendant près de 30 minutes (qui plus est les dernières), mettant quelque peu à mal le bon bilan qu'était le sien jusqu'alors. Élégant et assez frustrant.