Un épatant drame sociétal sur la manipulation psychologique

Ruben Östlund, que l’on ne présente plus après Snow Therapy (2014) & The Square (2017), s’est inspiré d’un fait réel pour réaliser Play (2011).

Milieu des années 2000, pendant 2ans, à Göteborg en Suède, un groupe de garçons (noirs) âgés entre 12 & 14ans, racketta d’autres enfants à plus de 70 reprises et ce, par le biais d’un machiavélique jeu de rôle où les voleurs avaient mis au point un savamment stratège où à aucun moment, ils n’eurent besoin d’utiliser la violence physique ou verbale. Et c’est en cela que Ruben Östlund ne va cesser de nous bluffer pendant 2h.

Avec une mise en scène propre à lui, à mi-chemin entre la fiction et le documentaire (plus d’une fois, on peinera à faire la distinction, tant l’immersion et le jeu des acteurs y sont redoutables). 120 minutes composées exclusivement (!) de plans fixes (certes, il faut un certain temps d’adaptation pour s’y faire), ajoutez à cela, l’utilisation de plans-séquences où le réalisateur joue exclusivement sur le zoom et le panoramique.

Si la mise en scène ne nous laisse pas indifférente, il en sera de même avec l’intégralité du casting, aussi bien du côté des victimes que des voyous. D’entrée de jeu, Ruben Östlund parvient à instaurer un climat malaisant et de domination entre les deux groupes (des gamins blacks qui s’en prennent à un trio d’amis : deux blancs et un asiate).

Une violence archi présente et palpable, où le trio va lentement mais surement tomber dans le piège que sont en train de leur tendre sournoisement les cinq voyous (ces derniers s’en donnent à cœur joie, dans ce qui semble être pour eux qu’un jeu mais pour les victimes, une descente aux enfers psychologique).

Impossible de ne pas repenser à Funny Games (1997) & Funny Games U.S. (2007) de Michael Haneke, à travers cette sombre histoire de manipulation, sur fond d’intégration et de racisme « Tu montres ton portable à des inconnus. Si tu exhibes ton portable à cinq blacks, faut pas venir te plaindre après. (…) Un môme de 3ans ferait pas ça. » (dixit un des voyous).

Le réalisateur suédois dresse ici un épatant drame sociétal sur la manipulation psychologique et dont la sortie du film en Suède a suscité le débat puisqu’il relate des faits de délinquance qui, soit les confrontent aux préjugés que ce font les spectateurs sur l’immigration, soit ils les renforcent…

http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger

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le 13 oct. 2022

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