Coscénariste des premiers films de Claude Miller, notamment "La meilleure façon de marcher", Luc Béraud s'essaye à son tour à la réalisation, avec ce film original et attachant, aux allures de conte existentiel politico-sentimental.
Patrick Dewaere y incarne un français moyen cérébral et coincé, qui découvre les joies (et les affres) de la passion amoureuse avec une jeune inconnue nymphomane, vénale et autoritaire (Clio Goldsmith), pour laquelle il abandonne immédiatement l'appartement conjugal. Universitaire et conférencier, il se trouve que notre homme doit justement se rendre à Barcelone, accompagné de sa belle.
Se libérant de tous ses carcans et autres principes moraux, Serge s'abandonne au lucre et à sa passion dévorante pour Carole, qui en retour le mène à la baguette et lui en fait voir de toutes les couleurs... Malgré les bons conseils de son hôte et confrère catalan (l'hilarant José Luis Lopez Vazquez), Serge va connaître une véritable descente aux enfers, alors que son retour en France s'avère compromis par une insurrection populaire (une bonne idée hélas faiblement exploitée).
Dans le dernier tiers du film apparaissent deux personnages peu recommandables que je vous laisse découvrir, incarnés par un Guy Marchand désopilant et une Jeanne Moreau réjouissante d'amoralité.
A vrai dire, Luc Béraud signe un bien curieux film, assez inégal et non dénué de maladresses, mais souvent jubilatoire et d'une originalité désarmante (il ne faut pas trop se fier à l'affiche), que j'ai fini par beaucoup apprécier à titre personnel.
Certes, "Plein sud" apparaît parfois fauché, et plombé par le jeu très limité de Clio Goldsmith (notamment dans la première partie, où son look so eighties jeans-santiag + permanente ne met guère en valeur son atout principal, à savoir son incontestable sex appeal), même si la comédienne s'efforce de compenser par sa beauté et son aptitude à la nudité.
Mais l'atmosphère générale assez étrange, renforcée par l'exotisme du décor barcelonais, et par la belle musique inquiétante d'Eric Demarsan, favorise l'immersion et permet d'oublier ces quelques faiblesses, d'autant que Patrick Dewaere se montre une fois de plus épatant, dévoilant ici une autre facette de son immense talent.