Evidemment, ce qui nous pousse à aller voir ce film, c'est la présence de Gaspard Ulliel. Il y joue son rôle et nous rappelle une dernière fois qu'il savait jouer. Jouer ce rôle du jeune homme, du jeune amant qui vit pleinement, au cœur des émotions.
Il n'empêche, la prestation de Vicky Krieps est tout ce qu'il y a de plus époustouflant. Je n'ai pas d'autres mots pour la décrire, si ce n'est le réalisme qui en ressort. C'est peut-être son accent, mais on a véritablement l'impression d'avoir une jeune femme, très malade, en même temps amoureuse, heureuse toujours, perdue sans aucun doute. Tout cela se lit sur son visage qui oscille en permanence entre la fausse joie et l'inquiétante incertitude.
Cet effet de réel nous embarque et, avec elle, nous ressentons tout ce qui passe à l'écran. Le regard compatissant d'une amie qui nous gêne autant qu'elle, la sensation d'étouffer lorsque ses crises prennent le dessus sur sa volonté ; tout cela nous pousse à vivre le film.
C'est aussi un film dans lequel on aborde évidemment le sujet du choix de fin de vie, ou plutôt du choix tout court. Peut-on vraiment choisir alors même que la maladie nous déforme, au point de ne plus être nous-mêmes ? On voit bien que son personnage hésite, ne sait plus s'il veut laisser son corps à la nature idyllique ou à ceux qui l'aimaient dans cette vie qu'elle quitte petit à petit.
Enfin, la scène finale étonne évidemment. Après le moment de tendresse, on s'imagine qu'elle renonce à son dernier projet personnel, qu'elle repart avec lui. Puis, on pense à un faux-raccord en la voyant s'éloigner de son sac, présent sur l'image, à gauche. Puis, finalement, c'est seulement lui qui part (avec toute la symbolique qu'on peut y mettre derrière). Le film se termine donc par un adieu inattendu, alors qu'il était annoncé depuis le début du film. Quel adieu, donc !