Emily Atef déçoit avec ce mélo épais, plat mais parfois sensible. Le film est cependant porté par la lumineuse interprétation de Gaspard Ulliel, l'une de ses dernières avant son décès prématuré. Malgré quelques belles scènes et un joli filmage de la nature, le film échoue dans sa première partie a sortir du banal et du trivial.
Hélène et Mathieu sont heureux ensemble depuis de nombreuses années. Le lien qui les unit est profond. Confrontée à une maladie pulmonaire qui la tue à petit feu, Hélène part seule en Norvège pour chercher la paix et éprouver la force de leur amour.
Emily Atef est la réalisatrice de ‘Trois jours à Quiberon’, une belle et sensible évocation de Romy Schneider. Le film était émouvant et puissant, une puissance due à l’interprétation de Marie Baümer, au magnifique noir et blanc. Ici, ça n’est pas le cas. Le moins que l’on puisse dire est qu’Emily Atef ne met ici pas de gants. Elle sort le sujet tire-larmes : une maladie pulmonaire mortelle, elle prend un joli couple jeune pour rendre l’histoire encore plus douloureuse et on écrit des scènes larmoyantes ou l’on ne cesse de pleurer et crier. La partie bordelaise du film m’a atterré des facilités que prenait la scénariste/réalisatrice. Peut-être y avait-il un sujet moins facilement émotionnel ou une façon de le dire moins démagogique.
D’autant que j’ai trouvé le début assez plat, banal, quotidien dans le plus mauvais sens du terme. Filmer la vie de tous les jours n’est pas une mauvaise idée, mais il faut savoir le monter, le sublimer. Mais comme dans ‘Le Torrent’ d’Anne Le Ny, le quotidien reste d’une trivialité consternante et répétitive. Ils s’enguelant, ont les larmes aux yeux. Elle skype un rescapé du cancer pour essayer de le comprendre. L’écriture est convenue, tout comme cette scène de repas avec les amis qui lui lancent des regards inquiets.
Heureusement, le film prend un peu de hauteur quand Hélène se rend en Norvège. J’ai eu tout de même peur que le film devienne comme ceux de Mia Hansen-Love, c’est-à-dire indolents et ternes. Heureusement, Emily Atef fait le choix du romanesque et quitte le naturalisme plat de la première partie. Sur cette île, Hélène semble trouver l’apaisement loin de sa famille, ses amis, son mari qui la ramène sans cesse à sa maladie. Hélène noue une belle relation avec un local, rescapé d’un cancer. La belle idée est que deux malades ne semblent se comprendre qu’entre eux comme s’ils parlaient leur propre langage.
Heureusement, Emily Atef peut compter sur deux très bons acteurs. Si Vicky Krieps est dans la performance, Gaspard Ulliel livre une interprétation d’une sobriété et d’une émotion étonnante. Je ne suis pas un fan de l’acteur en général auquel je reproche parfois un maniérisme dans l’interprétation de ses rôles mais là, il est parfait. Il est en retrait, tout en étant assez expressif. Il exprime parfaitement le sentiment de désespoir de ne rien pouvoir faire.
Question mise en scène, la nature norvégienne est assez bien filmée. La photographie est soignée. Mais la réalisatrice allemand tombe parfois dans le maniérisme, avec ces plans subjectifs d’une personne en apnée qui ressort de l’eau in extremis pour reprendre son souffle. Tout ça pour symboliser les problèmes respiratoires d’Hélène.
Le film est globalement une déception même s’il gagne en qualité au court de l’histoire. Les interprétations des deux acteurs sont émouvantes mais ne suffiront peut-être pas à séduire tout le monde.