Police représente l'incursion de Maurice Pialat dans le cinéma de genre qu'est le polar. Il reste son plus grand succès public et sera en 1985 le réalisateur le mieux payé de l'année. Pour ce film, il dispose d'un budget plus que confortable de 30 millions de francs, d'acteurs vedettes comme Depardieu, Marceau. Bref tout est réuni pour faire un bon film, ce que Police est.
Le tournage est néanmoins houleux, la faute au caractère spécial de Pialat : tyrannique, colérique, de mauvaise foi. Il rejetta le scénario de Catherine Breillat avec qui il se brouilla et tout au long du tournage donna l'impression d'improviser au fur et à mesure, eut de vives altercation avec Anconina qui jouait Lambert l'avocat. Lambert qui était le nom du pompiste joué par Coluche dans Tchao Pantin dans lequel Anconina lui donnait la réplique.
Ici, Pialat s'attache surtout avec sa caméra à capter les silences, les regards de ses personnages au détriment des mots ou de l'action (d'ailleurs il n'y a qu'un coup de feu et un nez cassé dans tout le film). Le film a un gros côté documentaire, ce que Pialat voulait éviter je crois, grâce aux longues scènes d'interrogatoire durant la première partie du film.
Sans manichéisme, il n'y a pas de bons et de méchants. Depardieu le flic est un homme à femmes, Lambert l'avocat traite avec les truands. Ce film est une histoire d'homme comme le voulait Pialat mais aussi une histoire d'amour contrariée entre un flic et une menteuse invétérée. On se souviendra longtemps du regard désespéré de Depardieu. Plan qui a été pris sur une autre scène qui a été coupée, qui clôt le film.