Le onzième long-métrage de William Friedkin est un polar crépusculaire stylisé, totalement ancré dans les années 80, à l'image du générique en grosses lettres fluo sur le morceau "To Live and Die in LA" - titre original du film (tellement plus classe que le français!).
On y retrouve un flic en quête de vengeance (William Petersen, encore jeune et svelte), son coéquipier et ami ayant été abattu à quelques jours de la retraite. Le suspect numéro 1 est un faussaire de génie (Willem Dafoe), qui arrose la ville de faux billets sans se faire prendre depuis un long moment.
Autant le début du film apparaît assez banal, autant la suite des évènements s'avère de plus en plus sombre et imprévisible, à mesure que Petersen s'entête à accomplir son but, faire tomber Dafoe à tout prix, quelles qu'en soient les conséquences.
Avec "To Live and Die in LA", Friedkin prouve qu'il reste un réalisateur de premier plan : sa mise en scène est dynamique, élégante, homogène. Les scènes d'action sont nerveuses, à l'image de cette poursuite en bagnole dantesque dans les rues de Los Angeles qui fera vibrer tout amateur de GTA (et qui fera forcément écho au morceau de bravoure similaire dans "French Connection").
Ou de ce travelling latéral suivant la course du héros en train de sprinter dans un aéroport.
De manière générale, un soin particulier semble avoir été apporté à ce héros, dans ses paroles et attitudes comme dans sa démarche : William Petersen court, saute, cogne, bondissant comme un ressort dans ses tenues eighties vintage mais ô combien classieuses.
En revanche, on pourra reprocher au film quelques invraisemblances, notamment dans les scènes d'action très old school, où plusieurs fois les mecs ont la situation bien en main avant de se faire baiser comme des novices, à l'image de la séquence du dénouement.
"To Live and Die in LA" est donc un polar noir hautement recommandable, hormis peut-être aux allergiques des années 80, illustrées notamment par la bande originale, œuvre du groupe britannique new wave Wang Chung.
Une grosse douzaine d'années plus tard, William Friedkin tient donc le successeur de "French Connection", un film policier urbain et malade, à la fois ancré dans son époque et en avance sur son temps.