A l'heure où on ressort en salles le sublime Sorcerer de notre ami William Friedkin, il est intéressant de se pencher sur son polar de 1985 intitulé en langue originale To Live And Die in L.A. Quel plaisir alors de retrouver l'acteur William Petersen, pas encore momifié par les saisons interminables des Experts. Il y est beau comme un dieu, jeune, roublard, et chien fou comme le personnage de Mel Gibson dans Lethal Weapon de Richard Donner qui date de la même époque. Le film est tourné en extérieurs naturels à Los Angeles, une ville rude, loin des cartes postales d'antan ; on est davantage dans l'univers de James Ellroy que dans celui des screwball comedies sous le soleil californien. L'intrigue est simple, efficace, imparable : deux agents fédéraux doivent mettre la main sur un faux-monnayeur meurtrier et hyper violent, et l'empêcher de nuire. Ici, en dehors des poings dans la tronche et des flingues qui menacent, point de salut. Point de coolitude comme dans Miami Vice, excellente série au demeurant qui date aussi de cette année-là, et si on y retrouve un magnifique Ferrari noire customisée, elle n'appartient pas aux flics mais à la belle du tueur, une blonde vénéneuse bi-sexuelle qui préfigure le personnage de Catherine Trammell quelques années plus tard dans le non moins réussi Basic Instinct de Paul Verhoeven. En deux heures William Friedkin ausculte le coté violent et misogyne des flics et des voyous dans la cité des anges, sans aucune concession pour personne. Aucun personnage à sauver, à part le flic du début, intègre, qui se fait dessouder au fusil à pompe au bout de 10 minutes de film... Bienvenue dans l'enfer urbain d'un L.A cauchemardesque, down town. Ames sensibles s'abstenir !