Je suis fan du cinéma de Maïwenn. Autant son personnage médiatique aurait pu m'agacer, autant ses films me séduisent particulièrement, depuis l'original "Pardonnez-moi", le génial "Bal des actrices", et désormais le bouleversant "Polisse".
Cette fille a vraiment du talent, elle qui a quasiment "inventé" un nouveau genre dans le cinéma français, le faux documentaire, qu'elle est parvenue à appliquer à des univers aussi différents que sa propre famille, sa sphère professionnelle, et maintenant la Brigade de Protection des Mineurs...
Maïwenn incarne une photographe timide, chargée de suivre la BPM sur le terrain pour un reportage ; on suit donc au jour le jour ces policiers pas comme les autres dans leurs différentes missions, particulièrement délicates : abus sexuels, pédophilie, fugues et petite délinquance, maltraitance...
Autant dire que le sujet du film n'est pas franchement léger, et pourtant la jeune réalisatrice parvient presque toujours à éviter pathos et misérabilisme.
Quelques séquences sont même source d'hilarité inattendue, comme lorsque cette ado justifie avoir pratiqué une fellation : "Ouais mais c'était un beau portable, quand même!"
On se sent vraiment impliqué dans un univers crédible et réaliste, notamment grâce à une distribution idéale, où chacun joue sa partition à la perfection, dans des registres complètement différents. Par exemple, à la rage difficilement contenue de Joey Starr répond la philosophie nonchalante de Jérémie Elkaïm, et à la froideur apparente de Marina Foïs s'oppose le paternalisme bonhomme de Frédéric Pierrot.
Au final, malgré quelques libertés prises avec certaines procédures, on assiste à un film dur, courageux, utile sans doute, qui s'offre en outre un dénouement tragique et inattendu.
Une vraie claque.