Attention spoiler !
J'ai envie de commencer par la photographie du film : sublime. La lumière, les couleurs, tout est très travaillé. Le film étant plutôt contemplatif, on a alors tout le loisir d'observer tout ce travail sur l'image. Comme ces deux femmes qui se regardent, s'admirent, commencent à tomber amoureuse l'une de l'autre.
On oublie parfois que l'amour passe d'abord par le regard ; on aime l'autre parce qu'on aime ce qu'on a observé, parce qu'on l'a d'abord vu se mouvoir, repérer ses petits gestes répétitifs, aimer sa façon de se tenir, adorer la torsion de sa bouche lorsqu'il (ou elle) rit. Ce n'est qu'ensuite que l'on s'attarde sur les autres sens.
D'ailleurs, quelqu'un m'a fait remarquer qu'il n'y avait aucune musique ; c'est vrai mais on ne s'en rend absolument pas compte tant elle viendrait parasiter le film.
Le jeu des deux actrices est assez bon pour ne pas rendre ce film à mourir d'ennui ; il me semble quand même important de le souligner. Soyons honnêtes, tu mets Marion Cotillard et Eva Mendes (au hasard évidemment) et d'un coup tu regrettes qu'il n'y ait pas de musique.
J'ai aussi aimé le contexte choisi avec, en trame de fond, le message fort qui rappelle que les femmes avaient encore moins de choix à l'époque que maintenant. Il n'est même pas forcément question de l'homosexualité, juste du choix entre le couvent et le mariage. Pas d'alternative possible si ce n'est pour les artistes qui peuvent, à priori, mener une vie un peu différente. Pareil pour l'avortement. Il est toujours bon, me semble-t-il, de rappeler que ce droit-là a toujours été sur une pente glissante. Il suffit de voir dans certains pays limitrophes du notre comment cela se passe.
Je finirais par le sujet central du film : un amour contrarié. Je dois admettre que ce n'est pas mon sujet favori. Oui, j'aime les histoires qui se terminent bien. Mais à cette époque, je ne vois pas comment cela aurait pu se passer autrement. Regarder l'autre jusqu'à ce qu'on ne puisse plus, garder les bons souvenirs, les belles images dans sa tête; je crois que cela pourrait aussi être ça le message de ce film.