Sincèrement, j'ai légèrement hésité avant d'opter pour ce quatre. Claude Chabrol sait y faire pour être à contre-courant de ce qui se fait habituellement en matière de polar. Narration, intrigue, personnages... Son approche est singulière, voire imprévisible par moments, notamment dans la structure, ne faisant, par exemple, intervenir son héros qu'au bout de quarante minutes. Côté casting, c'est également très bon, à l'image d'un savoureux Jean Poiret, bien entouré par Michel Bouquet, Jean Topart ou encore d'un tout jeune Lucas Belvaux, sans oublier, surtout, la magnifique Pauline Lafont, que je découvrais un peu ici et me faisant d'autant plus regretter sa disparition tragique : elle est irrésistible, une grande carrière l'attendait probablement.
Maintenant, et même si lire une ou deux critiques professionnelles m'ont un peu aidé pour y répondre : qu'a voulu faire Chabrol ? Un policier ? Au vu du manque d'intérêt qu'il montre parfois pour l'enquête, on peut en douter. Une étude de mœurs ? Sans doute plus, mais là encore, étant donné le peu d'attachement et encore moins de sympathie qu'on a pour les uns et les autres, ce n'est pas très convaincant. Une critique de la bourgeoisie ? Sûrement, il l'a fait très souvent, et après ? Ces notaires, médecins et autres bouchers ont beaux être odieux, je ne vois pas trop ce que ça prouve.
Sincèrement, hormis un regain d'intérêt dans la dernière partie où il y a enfin du concret quant aux deux « disparitions », je me suis un peu ennuyé, peu sensible à cette approche très « chabrolienne » (faisant toutefois preuve d'une certaine humanité dans les dernières minutes, même si l'on peut discuter de la manière), peu concernée par le plaisir du spectateur. Reste quelques répliques, quelques situations pas mal, l'ami Claude ayant le sens du détail, et ne serait-ce que pour avoir découvert la belle Pauline, je n'ai pas totalement perdu mon temps. Pas sûr que cela justifie le visionnage de ce vrai-faux polar plutôt original dans sa forme, peu captivant sur le fond. Passable.