Souvent présenté comme un classique de Chabrol, le premier opus des enquêtes de l'inspecteur Lavardin passe pour une référence du polar provincial à la française.
Et effectivement, en terme de rythme et d'image (quelle photo dégueulasse), j'ai parfois eu la sensation de regarder un épisode du commissaire Maigret, période Jean Richard...
Le personnage de Lavardin, campé par Jean Poiret, et qui n'apparaît qu'à mi-métrage, ne m'aura pas franchement emballé, même si ses méthodes musclées et ses habitudes alimentaires peuvent faire sourire.
Surtout, j'ai trouvé l'intrigue décevante, pratiquement dénuée de mystère. Les évènements s'enchaînent de façon linéaire, peu d'éléments restent dans l'ombre, et par conséquent aucun véritable suspense ne peut s'installer.
Bref, je m'attendais à mieux, d'autant que la distribution était prometteuse, avec la présence au générique de Stéphane Audran, Michel Bouquet, Caroline Cellier, ainsi que des juvéniles Lucas Belvaux et Pauline Lafont.
Chabrol insiste beaucoup sur l'ambiance délétère entre les villageois, dépeint avec sa verve habituelle l'atmosphère viciée de cette bourgeoisie de province corrompue, mais c'est au détriment de l'enquête policière, qui fait surtout office de prétexte.
On est plus dans le domaine de la farce, avec une tonalité caustique, presque absurde, et la direction d'acteurs va également dans ce sens. C'est assez troublant, car on navigue sans arrêt entre premier et second degré : il s'agit sans doute d'une volonté du réalisateur, coutumier du fait, mais je n'ai pas forcément adhéré.
Devant le succès commercial de "Poulet au vinaigre", le personnage incarné par Jean Poiret sera le héros d'un second film sorti l'année suivante, sobrement intitulé "Inspecteur Lavardin", et connut même ensuite les honneurs d'une série télévisée.