Tout cela commence dans l'espace (finement) avec le largage d'une capsule sur la Terre par un étrange vaisseau.
Puis on embraye sur Schwarzinator et son équipe de mercenaires bourlingueurs chargés de retrouver une autre équipe de barbouzes égarée dans la jungle, terrible jungle... Une fois sur place, nos braves gars découvrent que leurs hommes sont morts, la piste les mène vers un camp de guérilleros, qui pourrait abriter des otages. Schwarzie et sa bande décident d'attaquer, "y a d'la monnaie à rendre ! "
Ce qu'ils ignorent, c'est que leur démonstration de force à attirer l'attention d'un prédateur d'un genre inconnu. De chasseurs, ils deviennent les proies...


Pur action movie, ce prédator n'aurait sans doute du être qu'une série B bourré à la testostérone, calibrée pour engranger beaucoup de monnaie sur le seul nom d'Arnold Schwarzenegger. C'était compter sans son réalisateur et les membres de son casting, à commencer par Schwarzie lui-même.


Débutants ou confirmés, certains pas vraiment acteurs, tous sont très impliqués. Les moins expérimentés compensent leur jeu hésitant ou balbutiant par un engagement total.
Les conditions de tournage sont éprouvantes mais emmenés par Schwarzie et Carl Weathers, personne ne lâche prise. L'implication est toute autant moral que physique.
Physique ! Un mot juste (parmi beaucoup d'autres) pour ce que sera le film. D'abord, évidemment, les muscles, ceux d'Arnold, mais ceux des autres, et puis leurs gueules, leurs mimiques, leurs grimaces. Puis le lieu, cette jungle omniprésente qui abrite le danger, cette moiteur que l'on sent partout autour de nos bas du front qui transpirent. Enfin, comme le corps, l'état de base, sans armes ni technologies, livré à lui-même, simplement habillé de ses forces et de ses faiblesses.
Faiblesses qui engendrent plus que la peur au fur et à mesure que le danger se dévoile dans son incroyable vérité.
Peur est un autre mot qu'on puisse associer à cette bobine. Elle aussi est omniprésente, sous toute ses déclinaisons, d'un sursaut à l'horreur pure, le film abrite une tension permanente.


Nos héros archetypés, bourrins, grandes gueules se la ramène moins devant l'impensable, ils sont chassés par un alien à l'armement beaucoup plus avancé que le leur et possédant technologies et techniques de camouflage parfaites, sans compter sa taille phénoménale et sa force physique hors du commun. Au fur et à mesure qu'ils progressent vers un éventuel échappatoire en perdant les premiers membres de leur groupe, une autre vérité fait jour, il ne s'agit plus de fuir, de vivre ou de mourir, il s'agit d'instinct. Celui de survivre doit, ou pas, être celui-la.


La réussite formelle est indéniable, mise en scène, rythme, photographie, cadrages, effets spéciaux (le costume du monstre ! Et cette gueule qui ne porte pas bonheur), montage sont parfaits, McTiernan, encore réalisateur débutant, confirmera bientôt avec Die Hard premier du nom.
Mais ce que je trouve le plus réussi dans Prédator, c'est son subtil mélange des genres.Partant d'un actionner tendance guérilla, la SF pointe les locks de son alien. L' unité de lieu facilitant l'intégration de l'idée d'un extra-terrestre dans cet environnement reculé déjà hostile à la base. Et avant le grand duel final annoncée par l'affiche elle-même, on finit dans un survival primal ou les scream-queens sont des gros bras en treillis des quels on peut lire la peur au fond des yeux. Ce renversement de situation improbable est réjouissant, il renvoie tous ces hommes d'actions à leur nature profonde et fragile d'êtres humains. Avoir des muscles, savoir se battre avec ou sans arme ne sert pas à grand-chose si l'évolution nous enlève du sommet de sa chaîne alimentaire.
Alors il faut savoir revenir aux fondamentaux, faire preuve d'humilité, faire appel à l'intelligence, voire à la ruse, comme nous le montre le duel précité, dans des éclairages nocturnes magnifiques et organiques comme les deux corps humanoïdes luttant dans un combat à mort, dépouillés de tous leurs artifices, jusqu'au dernier feu de joie sur fond de rire mauvais, qui rase tout sur son passage.


Et ce plan final sur Arnie, le regard perdu de celui qui a tout vécu de cette étrange et funeste rencontre, jusqu'à un yeux-dans-les-yeux terrifiant ou prédominait l'incompréhension.
He won't be back.


Copie magistrale et innovante à son époque, Prédator ne prend pas une ride malgré les années et peut-être même se bonifie-t-il.
Chef-d'œuvre !

Goloumledosfin
10
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le 3 janv. 2020

Critique lue 167 fois

Goloumledosfin

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