Sorti directement en DTV malgré les très bons échos des festivals (très nombreux) dans lesquels il a été présenté, Predestination est le troisième long des frères Peter et Michael Spierig et le deuxième avec Ethan Hawke en vedette.
Adapté d'une nouvelle qui ne m'était pas connue jusque là, le film m'a donné envie de la lire.
Pourquoi la France a été privée d'une sortie en salle ? La réponse, je ne la connais pas mais j'avoue que vu la splendeur des images, je regrette de ne pas avoir vu le film sur grand écran mais seulement en Blu-Ray.
Et oui, j'ai une révélation à faire : j'aime bien l'acteur principal et une âme bien intentionnée, connaissant mon inclination en a profité pour se faire bien voir de moi. :o
C'est si facile de profiter de mes faiblesses !

Bref, la précommande reçue, je glisse la galette dans mon lecteur avec une certaine appréhension.
Le film commence par une explosion, un agent temporel blessé et de la chirurgie reconstructrice.
L'agent doit repartir rapidement en mission, avec son nouveau visage, pour stopper le terroriste poseur de bombes, connu comme "le feu follet", responsable de son accident et de milliers de morts.
Une fois remis sur pieds, avec un visage neuf, l'agent part pour sa dernière mission.

Là, nous nous retrouvons projetés dans les années 70, dans un bar tenu par Ethan. Accoudé au bar, un homme plutôt renfermé qui s'avère être un journaliste de la presse féminine entame une étrange conversation qui débouche sur un pari.

Pendant un bon tiers du film, le voyage dans le temps n'est pas explicitement abordé, laissant place à la condition féminine et principalement l'histoire de Jane jeune femme hors normes, forte, brillante et abandonnée à sa naissance. Sarah Snook est surprenante dans ce rôle. Je ne la connaissais pas mais je vais la suivre de près.
Qu'est-ce qu'une femme, quelles doivent être ses qualités pour séduire un homme, qu'est-ce qui la caractérise ?
Son rôle et sa place dans la société, comment elle est utilisée, objectisée, aimée...

C'est là que le film est trompeur. Présenté comme un film de SF, c'est bien plutôt un film qui joue sur l'intime, qui questionne sur ce qui constitue l'identité, la découverte de soi et la psychologie des personnages et sur le comment un être humain se construit envers et contre ses blessures, en intégrant son vécu comme il peut.
Ce qu'il est important de retenir c'est que chacun est son propre pire ennemi, l'artisan de son propre malheur. Que ce soit à cause des limites qu'il s'impose, d'un manque de confiance ou de la place trop importante place qu'il accorde à certaines obsessions.
Le concept de temps, le fait que chacun doit lutter contre et l'utiliser au mieux... est bien sûr au centre d'une réflexion que je ne pousserais pas plus avant ici pour respecter ceux qui auraient envie de voir le film.

Le film a d'énormes qualités. Son scénario malin comme tout, qui nous intrigue, des images et une réalisations de qualité, des décors et des costumes bien pensées selon les époques visitées...
Une fois de plus, c'est un métrage à voir en VO pour profiter du travail des acteurs sur leur organe vocal.
Là où le bât blesse c'est que ça reste un tantinet prévisible même si fort bien vu.
Le développement des personnages est très bien mené mais le film aurait mérité une quinzaine de minutes de plus pour développer plus les personnages secondaires, les fausses pistes et enrichir l'intrigue pourtant passionnante.

Message personnel : Mon cher Ethan,
Je sais fort bien que tu es très fidèle en amitié et je ne peux qu'approuver cette noblesse de sentiments. Il n'y a qu'à voir Julie, Vincent, Robert ou Richard, Josh ou Mark !
Mais bon sang, il est des collaborations qui ne te valent rien. James DeMonaco par exemple... Rien ne t'empêche de l'inviter à dîner à la maison pour refaire le monde mais je t'en prie, ne tourne plus dans ses films.
Pareil pour les frangins australiens, ils ont adorables, malins comme tout mais réalise plutôt un autre film qui sortira en France celui-là, et en salle de préférene.
Tiens d'ailleurs... Richard et Julie ont aimé le scénar que j'ai écrit pour B4 ?
Rawi
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le 26 nov. 2014

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Rawi

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