Presence
6.3
Presence

Film de Steven Soderbergh (2024)

Steven Soderbergh fait partie de trois catégories de cinéastes : ceux qui tournent vite (en général un film par an en moyenne), ceux qui savent alterner gros blockbusters et films plus personnels ou indépendants et ceux qui aiment expérimenter. Et c’est le cas ici avec ce « Présence » qui est loin d’être un film fantastique usuel comme les studios nous en pondent des dizaines chaque année et où la quantité prime sur la qualité en général (coucou Blumhouse). Il s’essaie donc à un domaine nouveau pour lui qui est le cinéma de genre mais il va le faire d’une façon peu classique qui s’apparente à un mélange d’expérimentation et de film à concept. En effet, ici tout le film sera vu du point de vue du fantôme, à la première personne donc mais une personne morte! On a déjà vu ce procédé ailleurs notamment dans le film d’action du type jeu vidéo (l’affreux « Doomsday » pour n’en citer qu’un) mais jamais sous cette forme dans le cinéma horrifique, si ce n’est dans un cas bien à part qui est celui des films en found-footage très à la mode à la fin de la décennie passée.


On ne pourra donc reprocher au cinéaste stakhanoviste (son prochain film sort déjà en mars, même si ce « Présence » a mis du temps à sortir et date de l’année passée) de se répéter à la manière d’un Richard Linklater et de tous ces essais et genres abordés (« Boyhood » à « The Scanner Darkly » en passant par le récent « Hitman »). Au début du long-métrage, il faut avouer qu’on est quelque peu dubitatif. C’est un peu lent et long à l’allumage et on a peur que le film se la joue trop minimaliste et ennuie pour rien. Voire qu’il soit prétentieux et se limite à son concept... Mais, le cinéaste tient bon sur son idée et nous livre une belle leçon de mise en scène originale et maîtrisée, très agréable à regarder même. Et puis, plus le film avance, plus on fait connaissance avec cette famille et ses secrets, plus on accroche et on se laisse prendre au jeu, surtout que le film est court, juste comme il faut.


Bien sûr, il manque quelque chose de très important pour que ce film de fantômes soit digne de ce nom puisqu’on est dans une œuvre sérieuse, voire très grave : la peur. En effet, ne comptez pas sur « Présence » pour vous faire bondir sur votre siège ou vous effrayer. Même niveau tension et malaise on repassera. C’est davantage du côté du drame familial vu par le biais du surnaturel que le film doit se voir, un peu comme les films du type « Sixième sens ». Le scénario de l’illustre David Koepp est bien écrit et tient en haleine, parlant en parallèle de consentement, de mariage usé et de deuil adolescent d’une manière assez juste. Le dernier acte est en outre assez surprenant et bien fichu et on compte quelques séquences très réussies et bien mises en valeur par ce concept où on ressent et voit tout par les yeux du spectre. On pense d’ailleurs au « Ghost Story » de David Lowery, l’aspect mélancolique et poétique en moins mais le suspense en plus. Pas un grand oui mais un petit film de genre vraiment inédit et plutôt satisfaisant.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 30 janv. 2025

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Rémy Fiers

Écrit par

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