Sans doute que Soderbergh se fiche bien de la postérité de son œuvre, tellement son parcours semble surtout mû par son propre désir, de l'expérimentation au blockbuster. Presence est à la croisée des chemins, distillant l'angoisse plutôt que l'épouvante, revisitant à sa manière le concept assez usé de la maison hantée, sauf que vu cette fois du côté d'un fantôme dont les intentions semblent longtemps opaques. Un film hanté diluvien qui traite du deuil mais surtout d'un dysfonctionnement familial et qui nous rend indubitablement voyeur, quelque peu gêné aux entournures par les conflits ambiants. Mais Presence est d'abord une affaire de style qui utilise les bons vieux procédés du film d'horreur, comme passage obligé vers quelque chose de tout autre. La caméra se faufile partout, capte toutes les conversations dans des scènes souvent abrégées. Le schéma aurait pu être répétitif mais le suspense est au rendez-vous, sans susciter de véritable peur mais un certain malaise, qui ne peut que déboucher sur un dénouement dramatique. D'autres cinéastes auraient fait durer le "plaisir" sur la longueur, Soderbergh, lui, préfère trancher en moins de 90 minutes. Efficace et singulier, le film laissera peut-être peu de traces dans la mémoire mais son profil aiguisé et le trouble qui va crescendo ont la qualité de l'immédiateté ricanante.