Presence
6.3
Presence

Film de Steven Soderbergh (2024)

"She stayed, or wants to come back."

Depuis qu'il a annoncé sa prétendue retraite, Steven Soderbergh semble bien décidé à ne faire que s'amuser. Ces films se dévoilent comme autant d'occasions pour lui d'expérimenter, de s'amuser, de tester les limites, et, sans prétention, de revenir au statut de réalisateur-artisan.

Ce Presence, sorti un peu de nulle part (et qui passera certainement inaperçu), ne déroge pas à la règle puisque le réalisateur se lance cette fois-ci dans une aventure faussement horrifique.


Par son dispositif de mise en scène, Presence est le miroir du film d'horreur, qui en reprend les codes voire les clichés (une maison ancienne, une famille qui s'y installe, un meuble ancien, un esprit) mais les tordant, les retournant puis les désarmorçant un par un. En faisant sauter ces verrous du genre, Soderbergh, avec malice, prend son spectateur de court. En laissant certainement quelques-uns sur le carreau.

Car il n'est pas question ici de l'horreur faite de screamers et de gore, mais de celle, plus insidieuse encore, du quotidien, où les perversités humaines et les égoïsmes éclatent au grand jour.

En prenant la place de l'esprit, celui que l'on n'est pas censé voir et qui devrait nous faire peur, Soderbergh questionne, dans une relation presque husserlienne au regard, le regardant-regardé, le cinéaste et le spectateur, mettant ce-dernier dans la position inconfortable (qui rappellera De Palma et le Lynch de Blue Velvet) du voyeur qui, à coup de petites saynètes, est le témoin d'une famille qui se disloque.


Certes le film tient par son concept et son machiavélisme scénique, et accuse, malgré sa courte durée, de coups de mous, provoquant une sorte de désintérêt global pour l'intrigue et ses personnages inégalement écrits. Mais pour l'originalité, l'immersion et l'intelligence sarcastique de son réalisateur, Presence vaut qu'on y jette un œil curieux.

Charles_Dubois
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de Steven Soderbergh, Les meilleurs films avec Lucy Liu, Journal cinéphile 2025 et Les meilleurs films de 2025

Créée

hier

Critique lue 4 fois

Charles Dubois

Écrit par

Critique lue 4 fois

D'autres avis sur Presence

Presence
Flop1055
4

Presence aurait pu être un film culte

Presence part d’une idée intrigante : une entité mystérieuse observe une famille dans une maison marquée par un drame. La réalisation, avec ses longs plans séquences immersifs, instaure une ambiance...

le 6 févr. 2025

16 j'aime

Presence
Sergent_Pepper
7

Fenêtre sur sourds

Nouvelle variation sur la question du point de vue, Presence joue habilement avec les renversements, convoquant quelques partis pris déjà abordés, mais en les fusionnant pour une nouvelle approche...

il y a 7 jours

15 j'aime

2

Presence
EricDebarnot
7

L’horreur moderne n’est pas là où on l’attend

Rappelons ce qu’écrivait Pauline Guedj dans son excellent essai sur Soderbergh, Steven Soderbergh, l’anatomie des fluides : « Un artiste versatile, pragmatique, dont la carrière n’est pas dictée par...

le 7 févr. 2025

11 j'aime

Du même critique

Au boulot !
Charles_Dubois
7

"On prend sur soi."

Il y a au départ la petite histoire qui donne son origine cocasse au film : la rencontre, tumultueuse pour le moins, de François Ruffin avec Sarah Saldmann, chroniqueuse sans grande finesse du...

le 2 oct. 2024

26 j'aime

Les Blues Brothers
Charles_Dubois
5

Critique de Les Blues Brothers par Charles Dubois

Film emblématique d'une génération, The Blues Brothers n'a pas réussi à me convaincre. En tous cas pas totalement. Certes je n'ai pas passé un mauvais moment, j'ai même ri franchement à certains...

le 29 déc. 2015

18 j'aime