Hugh Jackman en mode plus vener que dans toutes ses interprétations de Wolvie.
Une histoire d'enfants disparus dans un camping car dans une petite ville sous un climat gris et pluvieux. L'adaptation au cinéma du monstre des Ardennes Michel Fourniret?
Non, c'est le nouveau film de Denis Villeneuve. Pour ceux qui ne le connaissent pas, c'est lui qui est derrière Incendies, une bombe venue de nulle part et qui te décoche un uppercut dans la mâchoire alors que ton adversaire t'endort avec son rythme de limace. Et si vous n'avez pas vu Incendies, et ben il est encore temps de rattraper cette erreur, sinon vous allez passer un côté de quelque chose, et vous saurez que l'attraction de ce Prisoners, c'est bel et bien le québécois Denis Villeneuve et non son casting brut de décoffrage composé d'un Hugh Jackman en mode vigilante et de Jake Gyllenhaal qui semble interpréter une variation de son rôle dans Zodiac.
Et donc Prisoners, c'est un thriller à l'ancienne, avec son trou perdu de Pennsylvanie sous le froid glaciale de l'hiver, ses familles refermées sur eux-même, ses caves qui sont le lieu expiatoire préféré des pulsions maladives de chacun. Une plongée dans l'Amérique profonde vue par un étranger. Le film est constamment sur la corde raide, franchissant parfois les codes de la morale pour en repousser ensuite les frontières, maltraitant le spectateur à travers ses interrogations, ses doutes, son palpitant. A travers Prisoners, le réalisateur essaie de remonter aux origines du mal dans cette Amérique en déliquescence, mais lorsque le film se conclue, on n'en sait pas plus, on est comme impuissant devant ces horreurs.
Le bien, le mal, Dieu, la famille, la justice, à la fin, l'inspecteur Loki magnifiquement interprété par Gyllenhaal, ne sait plus quoi croire, il fait juste le sale boulot, qu'il vente ou qu'il neige.