Un film d'une grande maîtrise.
Aller, je m'y mets. Après un deuxième visionnage pour mieux déceler et apprécier les ficelles, c'est le moment de donner mon humble avis.
Après la grosse claque "Incendies", le canadien Denis Villeneuve change de cap en passant du drame au suspense pur et dur. Evidemment, en regardant Prisoners, on pense immédiatement au Zodiac de Fincher : un véritable "film-puzzle" égrenant de nombreux indices qui semblent n'avoir aucun lien puis qui se rassemblent au fur et à mesure jusqu'au dénouement. Et là où ça devient intéressant, c'est que les personnages ne sont pas les seuls acteurs de cette enquête : en effet, le réalisateur va venir titiller l'intellect du spectateur pour l'attirer peu à peu dans l'histoire et en faire un protagoniste à part entière.
Même si la réalisation est un peu lente (une enquête de 2h30 !), tout est fouillé dans les moindres aspects et tout est filmé au millimètre. Pourtant, c'est paradoxalement ce rythme, où tout semble si fluide, qui nous fera passer à côté de nombreuses évidences, mettant ainsi notre tensiomètre à ébullition. Cela laisse également le temps au réalisateur de peindre la part d'humanité et d'animalité contenue dans nos personnages (Hugh Jackman en tête). Dommage cependant que les seconds rôles soient si mis en retrait (son gosse par exemple).
Enfin, malgré un message religieux qui n'est pas des plus adroits et des plus passionnants, Denis Villeneuve maîtrise parfaitement son sujet et dévoile de façon astucieuse les nombreux retournements de situation, pour notre plus grand plaisir. Dans la même veine qu'un Seven / Mystic River / Zodiac, Prisoners est un film qui fait appel à notre intelligence et qui nous fait passer par toutes les émotions possibles. C'est tellement rare dans le 7ème Art actuel qu'on l'accueille à bras ouverts.