L’héritage cinématographique de Stanley Kramer repose essentiellement sur le caractère engagé de ses films. Dans cette optique, il est perçu comme un cinéaste d’auteur dans l’univers Hollywoodien. Les thèmes qu’il aborde remettent en question les fondements même du peuple américain, voire de l’humanité. La Chaîne en 1958 abordait le racisme. Le dernier rivage en 1959 était un cri d’alerte contre la menace d’autodestruction par les armes nucléaires que laissait planer la guerre froide. Jugement à Nuremberg, en 1961, dénonçait la folie haineuse qui s’est infiltrée dans l’âme d’une partie du peuple allemand sous l’impulsion hitlérienne. Procès de singe met en lumière l’aveuglément féroce des créationnistes vis-à-vis l’avènement de la théorie de l’évolution de Darwin. Lorsqu’un auteur dramatique ou un réalisateur part avec une intention éditorialiste le danger est d’avoir tendance à trop illustrer, à trop dire. Les personnages ne doivent pas devenir les messagers. C’est avant tout de leur vécu et de leurs relations que le public doit décoder ce que l’on souhaite qu’il saisisse. Ici, malheureusement, le personnage du journaliste interprété par Gene Kelly ne parle qu’en métaphores bien songées. On a l’impression qu’il peut nous servir deux ou trois stepettes de claquette à tout moment. Le procureur de Frederic March en créationniste convaincu ne brille pas par sa subtilité. En général, l’œuvre de Stanley Kramer demeure intéressante puisqu'il s’est attaqué avec courage à des sujets de front et souvent avec doigté.