Sur un sujet plutôt intéressant (les frontières entre réel et virtuel, notamment concernant le milieu carcéral), Brett Leonard parvient à signer l'une des pires daubes que j'ai eu l'occasion de voir récemment. Au-delà de l'opposition très décevante entre un Denzel Washington transparent et un Russell Crowe outrancier (les deux acteurs nous offriront un affrontement autrement plus classe dans « American Gangster » onze ans plus tard), on est abasourdi par les choix du « réalisateur » (quelqu'un a t-il une preuve qu'il l'est vraiment?), qui semble tout faire pour que le spectacle soit le plus stupide et pénible possible. Car hormis une référence d'une seconde et demie à « Boulevard du crépuscule » (!), impossible d'être indulgent devant un « univers visuel » absolument immonde, un traitement bourrin parfois à la limite de l'insoutenable pour les yeux, un discours indigent voire inexistant, un scénario déplorable n'exploitant pas un instant son idée de départ...
En fait, c'est simple : à chaque fois que Leonard a la possibilité d'emmener « Programmé pour tuer » vers des chemins intéressants, celui-ci fait exactement le contraire, sorte de gigantesque bras d'honneur aux spectateurs, au point que l'on finit par être franchement furax devant autant de nullité balancée à la gueule en si peu de temps. Alors forcément dans cette océan de bêtise et de mauvais goût, on trouvera bien une poignée d'instants (en cherchant intensément) à sauver, et malgré son côté bâclé et informe, le final n'est pas ce qu'il y a de pire. Cela dit, c'est bien pour trouver quelque chose d'aimable à écrire, car j'ai rarement eu l'occasion de voir un film d'action au budget décent aussi laid, boursouflé, racoleur et tapageur : une aberration dont le seul mérite est de s'oublier au plus vite...