En voyant la tête de Fassbender, on se dit que l’affaire est dans le sac
Nonobstant les appels désespérés de mes nombreux abonnés et néanmoins admirateurs, réclamant à cors et à cris une critique pour tel ou tel film, je crois que dans le fond il fallait atteindre le niveau de désespoir suscité par Prometheus pour me faire reprendre la plume.
Comment ça j’en fais trop ? Bon.
Nonobstant le fait que j’essaie habituellement au maximum de l’éviter, je vais paraphraser comme un cochon, tant il est évident que nombre de collègues ont exprimé le fond de ma pensée avant même qu’elle ne me vienne, et tant il est tout aussi évident que j’ai besoin d’un exutoire après telle purge, ne comptant plus le nombre d'occurences où j'ai répété "j'ai envie de pleurer".
Or donc le film, ou se réclamant tel.
Litanie ininterrompue de situations dénuées d’intérêt comme de logique, Prometheus est servi par une brochette d’acteurs prestigieux, sous-exploités au service de personnages fades laissant le spectateur parfaitement indifférent quant à leur devenir.
Même si on est content que Michael fasse Bender (sans le côté lubrique), le cyborg froid et psychopathe c’est légèrement éculé.
Charlize Theron et Noomi Rapace rivalisent de poticheries.
Idris Elba fait bien plaisir à voir, probablement le moins mauvais du lot.
Et le reste de toute façon occupe peut-être 10% de la péloche tout cumulé, donc on s’en tamponne l’oreille avec une babouche.
Les très belles images n’excusent pas tout, loin s’en faut, et il faudra lire les diverses critiques de Torpenn, LeYeti et autres Real Folk Blues si vous voulez toucher du doigt l’étendue des idioties accumulées.
Pour ma part je ne retiendrai que les plus notables, par pure charité chrétienne, à savoir :
- Les scientifiques divers qui se révèlent être un ramassis d’incompétents notoires, doublés d’irresponsables, suicidaires chroniques et débiles profonds. On retire son casque, on touche des matières/organismes inconnus, on défonce les murs, on prend pas d’armes, on se sépare et j’en passe… Vraiment l’accumulation la plus spectaculaire de stupidité qu’il m’ait sans doute été donné de subir concernant les bidules technologiques, médicaux, spatiaux et sans déconner j’inclus tous les films passant sur RTL9
- Le commandant de bord qui galope sur tous les coins de la planète alors que, soyons honnêtes, sa mission c’est quand même surtout de piloter le vaisseau et coordonner un peu tout ce beau monde, donc si il crève on est bien avancés
- Le crew d’une manière générale, a priori recruté avec les pieds pour ce qui est sans doute la mission la plus chère de l’humanité. Outre les incapables sus-mentionnés, vous avez des instables psychologiques, des drogués, des nymphos (ouais parce que pendant que des mecs se fait massacrer dans la grotte-vaisseau, sur le Prometheus tout le monde se la donne grave et y’a personne à la radio, trop crédible Michel)
- Guy Pearce maquillé par un manchot. What the fuck ? Personne d’autre pour jouer un croulant de 80 balais ? Seriously ? Surtout pour un rôle dont on n’a encore une fois strictement rien à branler. Ah bon Charlize Theron c’est ta fille ? Putain mec, d’une part on l’avait pas du tout vu venir depuis 8 heures, d’autre part le seul truc impressionnant là-dedans c’est comment ça me touche une couille sans faire bouger l’autre. Franchement je m’en tape à un point, ça donne une idée de l’infini, 3.65x10 puissance 27 même…
Sorti de là, les auto-hommages font pitié, Ridley se vautre dans la complaisance et la délectation de ses gloires passées, avec des sabots qu’il ne retire guère pour le reste de la narration (coucou le Pr Shaw stérile oopa, oh bordel ça c’est encore un truc qu’on sentait pas du tout à 3 kilomètres à la ronde tellement qu’elle nous gavait avec sa foi et sa quête des origines aux côtés de son cher et tendre abruti de mari, disparaissant assez tôt pour ne pas nous faire chier outre mesure).
En synthèse je dirais que ce qui sauve le film c’est cette introspection admirable où, dans un élan de lucidité admirable, Ridley Scott assimile la mission centrale du film au film lui-même : ça a coûté un gazillion de dollars, c’est accompli par une équipe de bras cassés, et le résultat prévisible est un désastre sur toute la ligne, pour finalement que l’on sacrifie tout sur l’autel de l’auto-satisfaction et de la vacuité.
Et puis c’est pas trop moche. C’est bien.
Et le roux meurt en premier. C’est très bien.
Mais bordel ça fait flipper sa race pour Blade Runner 2…
The end.