"Quand tu liras cette lettre" est LE mauvais film de Jean-Pierre Melville, et on comprend mieux qu'il soit resté méconnu. Le sujet est un mélo dont on pouvait penser que le cinéaste saurait dépasser, surmonter les pesanteurs et artifices dramatiques. Il n'en est rien et Melville réalise un drame affecté, superficiel et maladroit.
Philippe Lemaire y incarne Max, un séducteur cynique (et insupportable) dans les bras duquel tombent toutes les filles. Après s'en être pris à une jeune orpheline, Max est contraint par la soeur de celle-ci de se fiancer. La soeur, c'est Juliette Gréco, une jeune femme pieuse et puritaine qui vient de renoncer à prononcer ses voeux. C'est dire que la bagatelle, c'est pas son truc...
Le film est à l'image de la composition de Juliette Gréco: figée et sévère jusqu'à l'excès et au ridicule. Mal dirigés, et pas spécialement doués, les acteurs sont grotesques dans cette intrigue sentimentalo-morale à laquelle Melville parait vouloir appliquer la rigueur et le style tragique d'un Bresson. On cherche ici vainement la marque du grand metteur que sera bientôt le réalisateur du "Samouraï"