Quand vient l'automne cristallise à peu près tout ce qui peut aller de travers dans le cinéma. On lira, ici ou là, que le film est mou, lent, qu'on ne sait pas où il va. C'est vrai. Mais est-ce le problème véritable ? Non.
Le dernier film d'Ozon souffre d'un défaut dramatique : il est dramatiquement prisonnier de son scénario. Et là où le drame est plus triste encore, c'est dans le scénario lui-même, qui est terriblement mauvais. Toute l'introduction du film illustre cette pénible médiocrité - on dirait un brouillon ; curieux qu'un producteur ait pu accepter un truc pareil. Au début, donc, est planté le personnage de Mamie Michelle. Paradoxalement, alors que le film semble prendre son temps pour le présenter, il n'en ressort presque rien. Le montage, quasi épileptique, nous trimbale de scène en scène sans faire saisir au spectateur à qui il a véritablement à faire. Cela ne serait pas un problème si ce n'était pas volontaire. Mais vingt minutes d'exposition sur un personnage... bref.
Les scènes, parlons-en, sont fades. Les plans le sont tout autant. Tout ceci s'enchaîne au fil du scénario qui exige, dans le premier dialogue entre Michelle et sa copine de toujours, de parler de météo et, ainsi, d'un temps propice à la cueillette des champignons, puis qui débouche sur cette cueillette (parce que, vous comprenez, deux personnages ne peuvent parler de rien d'autre que du scénario), de laquelle découle l'empoisonnement de la fille de Michelle (vraiment, on l'avait pas vu venir ; surtout que les dialogues et les plans répétés, d'une grande subtilité, ne nous disent pas explicitement qu'il y a un risque de s'empoisonner avec ces putains de champis). Super. On a passé une demi-heure à déplier des plans pour expliquer au spectateur ce qu'il s'apprêtait à voir.
Tout le reste est à l'avenant.
Ne parlons pas des personnages, qui sont aussi bien écrits que ceux que l'on peut trouver dans une œuvre de fiction d'enfant de huit ans. Mention spéciale à Valoche, la fille de Mimi, dont la caractérisation est si peu crédible qu'un esprit sain ne peut que sortir du film dès sa première apparition.
L'intrigue essaie de servir un questionnement à la Dostoïevski, en reprenant le thème, intéressant, du crime moral. Mais finalement le film n'en fait rien.
De nombreuses intrigues sont déployées sans que leur développement ne dépasse jamais le stade de la superficialité. La raison en est simple : le but de ces intrigues n'est pas de plonger le spectateur dans le film, de lui faire saisir ses enjeux, ses personnages, leurs doutes, leurs émotions, leurs espoirs, etc., mais de venir en aide au scénario, de le justifier. Une fois cette fonction remplie, ces intrigues sont soit délaissées, soit réglées de façon lapidaire grâce à la magie du scénario. Je pense notamment à une scène, totalement invraisemblable, dans laquelle Mimi va chez son toubib, lequel, inquiet, lui demande si elle n'a pas prémédité l'empoisonnement de sa fille. Sur quoi Mimi répond qu'elle ne sait pas, que peut-être, si, elle l'a prémédité. Et ça s'arrête là. Merci le scénario ! Le fait est que le personnage de Michelle ne s'adresse pas tant à un autre personnage, sinon plutôt au spectateur directement. Elle lui dit : "je suis peut-être sénile" - au cas où on l'aurait pas compris jusqu'ici parce que, vous comprenez, comme Mimi, on est aussi complètement con. Il s'agit d'un exemple parmi tant d'autres car, malheureusement, le film est presque uniquement constitué de moments de ce genre.
En somme, il s'agit là d'un piètre film, raté de bout en bout.