« Du moment qu’il pense à faire le bien...» sous-entendu le reste m'indiffère, est une réplique clé du dernier film de François Ozon, "Quand vient l’automne". Cette phrase résume l’attitude du personnage principal face aux aléas de la vie : une grand-mère « irréprochable » du moins en apparence. Une mamie gâteau, ou plutôt en l’occurrence, une « mamie champignons »… C’est en effet une simple poêlée de champignons qui va déclencher une suite d’évènements plus dramatiques les uns que les autres dont notre grand-mère va « s’en laver les mains » la conduisant à achever son existence mouvementée avec une grande tranquillité d’esprit, allongée sur un tapis de fougères d’une belle forêt parée de ses couleurs d’automne suite à un arrêt cardiaque… Présenté ainsi, le film prend les aspects d’une fable, relatant une histoire s’écartant de la réalité. Mais le cinéma a cette liberté de raconter des récits singuliers qui, au-delà de leur improbabilité, nous invitent à réfléchir sur la nature même de l’existence humaine. François Ozon a d’ailleurs pour habitude de mêler la réalité à des éléments narratifs empruntés au registre de la fable. Dans "Quand vient l’automne", plusieurs thèmes sont abordés : la repentance, l’oubli, le mensonge, et les choix égoïstes. Cependant, c’est précisément là que se produit un décalage. D’un côté, la réalisation emprunt de « réalisme à la française » se caractérise par l’absence d’emphase : des dialogues simples, des personnages ordinaires, une musique presque inexistante, remplacée par les sons de la vie quotidienne, des cadrages successifs dans un cadre campagnard rustique. Tout concourt à une atmosphère minimaliste. De l’autre côté, le récit tragique avec une accumulation d'évènements "extra-ordinaires", nous rappelle que nous sommes bien dans une œuvre de fiction, au cinéma, et non dans la vie réelle. Ce décalage amène progressivement un « recul émotionnel » des spectateurs que nous sommes. On regarde un « bon film » mais sans vraiment s’y immerger. Dommage !