Les films d'Ozon ne déçoivent jamais : voici un vrai thriller français, furtivement lent, qui s’épanouit comme un champignon entre Paris et la campagne, avec une tonalité que je n'avais encore jamais ressentie au cinéma. Cela frôle presque l'innocence et la douceur de la vie campagnarde, à la manière de l’inspecteur Barnaby dans ‘Midsomer Murders’. L’innocente Madame Giraud vaque à ses occupations quotidiennes : cultivant son jardin, se baladant dans la forêt avec sa copine Marie-Claude à la cueillette de champignons, et écoutant pieusement les sermons du curé du village. Lorsque sa fille et son petit-fils viennent lui rendre visite (une ressemblance incroyable entre les trois), Ludivine Sagnier incarne à merveille la Parisienne vénéneuse (tout pour l’argent, rien pour l’amour !). Franchement, qui ne voudrait pas l’empoisonner ?
Le film est délicieux dans ses nuances chaleureuses de champignons et de feuilles d’automne croustillantes, sans parler de la qualité des acteurs, si naturels et adorables : mère et fils, impeccablement joués par Josiane Balasko et Pierre Lotti ! Et que dire des cheveux d'Hélène Vincent qui tombent en une cascade de pleurotes le long de son dos — un jeu d'acteur aussi soigné et organique que les champignons qu'elle cueille. À certains moments, les acteurs sont filmés comme dans une brume hallucinogène, nous laissant dans un état presque mycologique …
Nous sommes épargnés du véritable horrible, mais Ozon nous garde tout de même au bord de nos petits tabourets, captivés par ce qui pourrait arriver ensuite... Un film fantastiquement cathartique, nous laissant l’impression que nous n’allons jamais en entendre la fin… parce qu'Ozon nous connaît trop bien, et il fait pousser la tension sans avoir besoin d'en dire trop. Magnifique