On a ici une très belle adaptation du célèbre roman de Victor Hugo, forte des thèmes de l’auteur mais aussi d’une belle réalisation.
Ses personnages mythiques sont de véritables outils pour servir les grandes idées d’Hugo : la remise en cause de la peine de mort avec la condamnation d’Esmeralda, l’obscurantisme avec Frollo, la peur du différent avec Quasimodo, ou encore la misère du peuple avec Clopin en tête.
On se trouve également à un tournant historique majeur avec l’arrivée de l’imprimerie, fin annoncée de la suprématie du savoir religieux et début de l’ouverture d’esprit pour tout un peuple, à l’image de cette foule qui décide d’elle-même d’envahir la cathédrale alors qu’elle respectait peu avant son privilège de droit d’asile. Mais c’est finalement par les mots d’un pamphlet que le bien triomphera, et non par la force, preuve que la bonne volonté populaire est insuffisante.
Le film est donc déjà riche du récit que l’on connaît, et réussit à l’exploiter correctement, en gardant le spectateur attentif grâce à une mise en scène grandiose. Les scènes de foules au pied de Notre-Dame sont impressionnantes et puissantes, que cette foule soit en liesse devant un Quasimodo au pilori, en pleine foire ou en pleine révolte.
Quant aux personnages eux-mêmes, ils sont servis par un très bon casting. On ne les retiendra certainement pas tous mais Laughton est assez formidable. Il donne à son Quasimodo, monstre au grand cœur, une authenticité attachante jusque dans ses derniers mots, s’adressant à une gargouille du haut de sa cathédrale, « que n’ai-je point été fait de pierre comme toi… », pleurant le départ de la belle Esmeralda, reine du monde d’en bas.