Provocateur, corrosif, souvent très juste et surtout encore plus d'actualité qu'à l'époque de sa sortie, « Que les gros salaires lèvent le doigt ! » a le grand mérite de poser les questions qui fâchent, mais ce non sans un humour très grinçant, le tout à travers des scènes aussi savoureuses que percutantes et des dialogues rendant parfaitement compte de l'absurdité de la situation. Traiter la question des licenciements financiers avec autant de panache et de méchanceté jusqu'à un dénouement aussi dérisoire qu'imparable, il fallait oser : Denys Granier-Deferre l'a fait.
Seul regret : que celui-ci ait finalement beaucoup moins soigné le fond que la forme, la réalisation s'apparentant la plupart du temps à celle d'un bon téléfilm, ce qui est légèrement frustrant. M'enfin, quand vous avez dans vos rangs Daniel Auteuil, Michel Piccoli et surtout un immense Jean Poiret dans un inoubliable rôle de patron sans le moindre scrupule, cela compense sans mal : je ne saurais donc trop vous conseiller de (re)voir cette œuvre « réjouissante », surtout en cette dure période de chômage et de « patronat friendly ».