Dans ce spectacle audacieux et original, Alexandre Astier explore le travail de Jean-Sébastien Bach.
Acariâtre, on peut le voir brailler, pester, vociférer et déblatérer durant une heure et demi.
Si l'art de faire demeurer son entrain personnel consiste à s'auto-satisfaire de ses connaissances et des idées qui jalonnent son quotidien, en protégeant soigneusement ce solipsisme à coup de réparties péremptoires, Que ma joie demeure se pose en cours magistral, à condition bien entendu que cette manière d'être vous procure de la joie.
En revanche, imaginer ce spectacle comme l'occasion d'en apprendre plus sur Bach, sur les aléas de la vie d'un compositeur du XVIIIème siècle ou d'entendre quelques blagues serait une cruciale erreur.
J'ai essayé, faute de plaisir, de transposer ce que je voyais sur l'idée d'une conférence que je prendrais en note et n'ai pu qu'appréhender le fourvoiement de l'orateur quant à sa mission instructive.
On ne peut pourtant pas dire qu'Astier s'écoute parler car il se donne à son public avec méthode et précision. Il se donne en spectacle, généreusement, étale sa culture, offre avec honnêteté les petites et grandes idées que lui a inspirées le personnage de Bach.
Il aurait cependant pu s'avérer opportun qu'il s'essaie à un regard extérieur sur ledit spectacle en se posant la question de l'ennui.
Personnellement, je l'ai trouvé ici relativement irascible, clairement désagréable, très autophile* et volontairement inaccessible.
À n'en pas douter Bach aurait observé cette œuvre avec circonspection.
Pour ma part, je crois que j'aurais trouvé étonnant de voir quelqu'un d'avisé en matière de musique, ayant étudié mon travail, se lancer dans une si libre adaptation de ma personnalité au point qu'elle frise l'hybridation artistique.
J'aurais félicité les auteurs en m’assurant de ne pas les avoir trop "dérangés" et en leur affirmant mon humble satisfaction de voir que mon travail a pu être choisi pour servir de support au jeu d'un personnage si "abouti", bien que craignant de ne pas avoir compris son intérêt.
J'aime bien Alexandre Astier mais là, c'était difficile d'apprécier un râleur satisfait de lui-même, pensant à tort que toute idée authentique de sa part vaut de l'or. Certains passages en étaient même gênants.
- (j'ai aperçu une critique qui titrait sur la mégalomanie, je ne l'ai pas lue et n'ai pas utilisé ce terme mais je comprends :
Je me félicite de ne pas avoir payé pour aller voir ce "spectacle". En effet, observer un homme acariâtre satisfait de sa misanthropie se plaindre de long en large sur un ton désabusé s'avère clairement suffisamment désagréable pour ne pas avoir à payer en plus pour ça.
Les gens sont contents qu'on leur parle de musique à un autre niveau et hurlent au génie. Astier ne se révèle pourtant pas bon professeur ou même bon critique. Il fait étalage de sa "science" et le public qui n'est pas idolâtre se retrouve extrêmement perplexe quant à ce qu'il est sensé retenir.
Les digressions vers d'autres remarques sont carrément affligeantes : n'importe qui ferait part de ses petits "trucs" personnels sur un ton autrement plus agréable et plus humble.
Quelqu'un a dit "mégalomanie" ? Bien sûr.
Ou alors victime de sa notoriété qui lui apporte beaucoup de propositions et il se contente de gagner sa vie sans trop se fouler ? Possible mais auquel cas certaines parties médiocres et désagréables du spectacle dénotent un véritable mépris pour le public. )