A la base, l'appendice est omis.
Se situant chronologiquement entre Frissons et The Brood (1), Rage en est par certains côtés une synthèse, tant l'on retrouve les préoccupations sexuelles du premier et corporelles du second (ces dernières deviendront dans les années suivantes incontournables chez Cronenberg, c'pas moi qui vais vous apprendre les ragoûtantes obsessions du monsieur).
Autant vous prévenir de suite que je dévoile certains éléments de l'intrigue dans ce qui va suivre, bon pas du niveau de "c'est Mlle Rose dans la bibliothèque avec le chandelier" mais quand même, vous v'là avertis.
Le film débute sur l'accident de moto de Rose et Hart, jeune couple de Montréal en virée à la campagne. La jeune femme est blessée à l'abdomen mais coup de bol, non loin de là se trouve une clinique, de chirurgiens esthétiques certes, mais paraîtrait que sous la montagne de billets se cachent de vrais docteurs, ces derniers vont donc la prendre en charge.
Et en profiter pour mettre en pratique leur dernières recherches sur des greffes de peaux sensées ne laisser aucune cicatrices visibles. Le fait que tout ceci ne soit encore qu'expérimental et peut-être dangereux n'arrêtent pas nos foufous du bistouri, et notre accidentée fait peau neuve.
Malheureusement, à son réveil, Rose est changée, elle ne peut plus s'alimenter normalement, à soif de chaleur et surtout de sang, et est aidé en cela par un curieux appendice qui est caché dans un orifice situé sous son aisselle gauche (la précision, toujours)... Je remercie par là mon compagnon qui à la vue du dit orifice s'est fendu d'un gracieux "Mais... on dirait un trou d'balle !" me rassurant un peu sur le fait que je n'avais pas l'esprit mal placé (ou tout du moins, pas plus que le commun des mortels). Tout cela n'étant à la base vraiment pas prévu, Rose doit s'échapper de l'hôpital pendant que Hart part à sa recherche.
Le mal dont elle souffre se propage à mesure qu'elle s'attaque, se nourrit, de diverses personnes, et l'épidémie ne tarde pas à atteindre Montréal, déclenchant une vague de panique et forçant les autorités à mettre en place la loi martiale.
J'aime beaucoup les premiers films de Cronenberg et celui-ci ne déroge pas à la règle. Je trouve qu'il parvient à mettre en place une histoire prenante, bien rythmée et qui lui ressemble énormément. Une esthétique austère et une ambiance angoissante, un choix d'actrice principale surprenant, Marilyn Chambers alors actrice porno, qui est finalement très raccord avec l'atmosphère du film surtout que cette dernière ne démérite pas.
Les attaques d'infectés sont souvent courtes mais efficaces, comme celle du métro, ou lourdes de sens à l'image de celle du père Noël de supermarché et de sa mère Noël bien trop court vêtue.
Hormis deux trois coups de bistouris ou effusions de sang discrètes, on est par contre encore loin de l'horreur visuelle que Cronenberg nous infligera plus tard dans The Brood ou La Mouche.
La dernière scène est diablement efficace.
(1) J'omets volontairement l'improbable Fast Company et ses courses de voitures.