Au début du XXe siècle, un jeune noir, pianiste de son état, fait face au racisme face à des pompiers qui refusent de lui laisser le passage. Tout en s'en prenant à lui et sa voiture, dont ils laissent une crotte sur le siège. De plus, sa femme meurt de ses blessures pour avoir voulu interpeller le président américain sur les droits des noirs, alors qu'il était venu rencontrer ses concitoyens lors de voyages en train.
C'en est trop pour cet homme, nommé Coalhouse Walker, au départ quelqu'un de pacifiste, et qui va prendre les armes avec des confrères pour exiger des réparations pour les préjudices subis.
Film méconnu de Milos Forman, tourné entre Hair et Amadeus, Ragtime raconte une part sombre de l'Amérique, où le racisme fait encore rage, et si on accepte encore les noirs, c'est soit pour faire le ménage, ou pour la musique, en l'occurrence le Ragtime, très populaire au début du XXe siècle.
On sent les moyens énormes qu'a eu le réalisateur, avec une reconstitution très convaincante de New-York, qui lui permet d'amples mouvements de caméra.
Mais il a surtout la chance d'avoir tout un tas de comédiens formidables ; que ce soit Elizabeth McGovern, Brad Dourif, Kenneth McMillan, ou le retour de James Cagney vingt ans après sa retraite pour Un, deux, trois, ils sont tous sublimes. Je note en particulier la présence très forte d'Howard E. Rollins Jr. dans le rôle de ce jeune pianiste, qui n'a malheureusement pas eu la carrière qu'il méritait ; on sent que c'est un rôle qui l'interpellait dans ses actes, ses décisions, où ses larmes devant sa destinée ne sont peut-être pas feintes. Pour l'anecdote, c'est aussi le deuxième rôle d'un certain Samuel Jackson, qui incarne un des hommes de main de ce Coalhouse Walker ; ne clignez pas des yeux, vous pourriez rater sa demi-seconde à l'écran !
Œuvre très, voire trop ambitieuse, charcutée de vingt minutes, Ragtime est une belle découverte, à la fois belle, engagée, et dont le racisme montre qu'il n'est malheureusement qu'une vague qui se répète.