C'est le premier long-métrage de sa réalisatrice Andrea Bagney. Et comme une part non négligeable de premiers films, ça se cherche, ça essaye de se rassurer en faisant appel à des figures bien établies comme Woody Allen, Hong Sang-soo, Richard Linklater, le temps - éventuellement - de trouver, de façonner une patte bien personnelle, identifiable parmi tant d'autres.
L'ensemble a un fil narratif de comédie romantique banale, entre un réalisateur et sa comédienne, mais avec un rembourrage de séquences privilégiant le dialogue, donnant même lieu à des logorrhées qui auraient paru un peu moins longues si elles avaient été placées dans un film d'une durée plus longue ; pour que cela paraisse moins déséquilibré avec tout le reste, vu que ce dernier consiste en des séquences bien plus courtes et que le contraste est trop fort pour ne pas sauter aux yeux. En outre, l'aspect est un peu superficiel par son recours trop prononcé à l'ellipse qui empêche de donner de la consistance aux relations entre les personnages.
Mais ces débuts sont tout de même encourageants. Il y a une maîtrise technique indéniable avec cette alternance entre un noir et blanc sobre, pour les scènes se déroulant dans la réalité, et une photo aux couleurs vives, criardes, faisant penser à Almodóvar, pour les scènes du "film dans le film" (même si ce dispositif narratif visuel a déjà été employé des milliers de fois auparavant pour que l'on puisse identifier deux "mondes" ou deux temporalités différents, donc ça n'a rien d'original !). Et la distribution est bien choisie et dirigée. Je pense surtout à l'actrice, Lourdes Hernández, charismatique et photogénique en diable, qui n'est pas loin de porter tout l'intérêt que peut procurer l'œuvre.
Cela ne suffit pas à gommer les défauts (oui, Lourdes ne peut pas faire à ce point des miracles... OK, je sors !), juste à rendre le visionnage pas désagréable.