Rashômon (1950) - 羅生門 / 88 min.
Réalisateur : Akira Kurosawa - 黒澤 明
Acteurs principaux : Toshirō Mifune -三船 敏郎 ; Masayuki Mori -森雅之 ; Takashi Shimura - 志村 喬 ; Machiko Kyō - 京マチ子.
Mots-clefs : Japon ; Médiéval ; Philosophique.
Le pitch :
Dans le Japon de l'époque de Nara (en 750), pendant une guerre civile, quatre versions très différentes d'un crime d'après autant de témoins y compris celui qui l'a perpétré et le fantôme du défunt, convoqué par un chaman.
Premières impressions :
Perplexe. Voici quelques instants que j’ai terminé le visionnage de Rashômon et il m’est encore difficile de me faire un avis. Je n’ai pas encore analysé mes émotions brutes et le temps est encore suspendu. C’est ça, c’est exactement ce sentiment qui me prend à chaque fois que je vois un film japonais, un bon j’entends, je ne sais jamais si j’ai aimé ou non, si je m’y suis ennuyé ou si je suis subjugué. Tout cela est à la fois si universel et si différent. Les codes me parlent à l’âme sans passer par la conscience. Souvent, j’ai eu envie de revoir le film immédiatement, pour comprendre, mais surtout pour ressentir. Je parle de films japonais, mais ce n’est pas tout à fait vrai, ce sont surtout quelques réalisateurs et quelques films qui m’ont fait cet effet : Takeshi Kitano (Hana-bi), Akira Kurosawa (Ran), Shohei Immamura (L’anguille), Kinji Fukasaku (Battle Royale), Hiroyuki Nakano (Samurai Fiction)… Mes films fondateurs.
Depuis plusieurs mois, j’essaye de regarder l’intégrale des films de Kurosawa, lentement, sans me hâter. Il ne faut pas gâcher. Jusqu’ici j’en ai vu neuf. C’est environ un tiers de l’œuvre du réalisateur. Pourtant je n’ai jamais écrit à propos de ses films. J’ai couché mes impressions sur les films de Kitano, Nakano, Ozu, Immamura, Miike ou Ôshima, mais jamais sur les films de celui que je considère comme LE maître. Qui suis-je, que suis-je pour donner mon avis sur ses films ? Est-il vraiment possible d’avoir un avis sur ses films ? Le simple fait de savoir que le film est de Kurosawa ne biaise-t-il déjà pas tout le raisonnement ? N’essaye-t-on pas de mieux déguster un film du Maître comme lorsque l’on boit un bouteille de vin que l’on sait onéreuse, ce qui rend obligatoirement le film meilleur ?
Je n’ai pas la même attention lorsque je regarde un Kurosawa que lorsque je regarde un autre film. J’ai vu des vidéos explicatives, j’ai des a priori. Je sais que c’est un monteur hors pair, un réalisateur qui sait jouer avec le cadre, avec le rythme, avec la lumière et avec le mouvement comme aucun autre. Je connais Toshiro Mifune, son acteur fétiche qui à chaque fois me fait oublier qu’il est Toshiro Mifune. Je sais que George Lucas s’est tellement inspiré de lui pour Star Wars. Pas seulement pour l’armure de Dark Vador ou le principe de la Force qui fait « asiatique », mais dans les cuts, les transitions, les mouvements de caméra….
Non, je ne suis pas capable d’analyser un film de Kurosawa. Je n’ai pas le niveau. Je peux bien vous dire que Rashômon a reçu l’or à Venise en 1951 sans que le réalisateur ait été informé qu’une bande eut été envoyée au festival. Je peux vous dire qu’il est adapté de deux nouvelles de Ryûnosuke Akutagawa, « Rashômon » écrite en 1915 pour l’ambiance lugubre autour de la porte Rashô où se situent les narrateurs du film, et « Dans le fourré » de 1922 pour l’histoire de meurtre expliqués par les différents protagonistes lors du procès. L’adaptation est d’ailleurs assez fidèle tant pour les dialogues que pour les situations et je ne saurais que recommander de les lire après avoir vu le film d’autant qu’elles ne font que quelques pages chacune. Pour le reste, je préfère vous laisser à votre propre jugement.
Pour conclure en quelques mots, Akira Kurosawa est un des plus grands artistes de cinéma mondial, pas seulement parce qu’il a révolutionné son art, mais aussi parce que ses films, 40, 50 ou 60 ans plus tard sont toujours des pièces d’excellences. Que vous soyez fan des films classiques ou non, que vous aimiez le noir et blanc ou non, les films de Kurosawa sont des must qui méritent de leur consacrer une soirée de temps à autre.