Bienvenue, la compagnie Raya'n Air vous accueille à bord de ce vol à dos de dragon pour vous faire découvrir un conte inspiré des légendes chinoises plutôt réussi, bien que vous puissiez ressentir de sacrés trous d'air à l'approche de l'archipel Scénario... Alors, accrochez vos ceintures, le voyage en vaut la peine (et sans chanson, en plus : hallelujah), surtout si vous êtes accompagnés de vos enfants ! Aux commandes du film, nous avons Don Hall, scénariste connu pour son travail sur Kuzco (L'Empereur mégalo), La Princesse et la grenouille et Vaïana, et l'on se demande alors pourquoi le scénario ne lui a pas été confié, tant les deux co-scénaristes Adele Lim et Qui Nguyen peinent avec ce travail... On commence donc ce cinquante-neuvième film d'animation Disney avec une ouverture assez désagréable : entre l'histoire de la légende chinoise qu'on nous lance telle quelle au visage, sans trop d'explications, le personnage de Raya que l'on découvre à peine que cinq minutes après l'objet de la discorde a déjà eu lieu et qu'on la retrouve six ans plus tard à errer dans le désert à la recherche du dragon... Un vrai jeu d'équilibriste, pour suivre et s'attacher en même temps. Mais le film prend un gentil rythme de croisière, enfin appréciable, après l'arrivée du dragon, le personnage le plus intéressant de ce film (devant le rôle-titre). On a adoré le doublage survolté de Géraldine Nakache, qui s'amuse visiblement (ou plutôt, "auditivement") à inscrire la personnalité de ce dragon dans une tranche d'âge proche de l'ado dopé au sucre et aux paillettes (on a bien rigolé). Évidemment, d'autres gags plus enfantins ne nous concernent pas franchement (les personnages secondaires de l'équipe, très caricaturaux et poussifs) mais on se dit que les plus jeunes seront contents. Le design du dragon est plutôt beau à regarder, alliant le modèle du dragon chinois au "design character" de chez Disney depuis quelques années (à la manière des animaux de Zootopie, les yeux sont grands et cernés d'eye-liner, le visage est rond et avenant, bref : un bon gros nounours, en version My Little Pony). L'histoire qui découle des dragons respecte bien la philosophie des légendes chinoises avec les esprits liés à la Vie et à la Nature, l'action est bien présente, le final nous met un léger sourire sur les lèvres, tout est là pour un bon moment en famille. En revanche, le scénario met parfois à mal à notre enthousiasme, en commettant des erreurs qui auraient pu être simples à contourner : comment ne pas voir le manque criant de background (d'explications) du méchant ? D'où sort cette entité maléfique ? Qu'est-elle ? Que veut-elle ? On n'en sait strictement rien. On nous dit "une masse noire qui détruit tout est apparue un jour", et voilà. Débrouillez-vous, les scénaristes n'ont pas travaillé leur code d'or : pour faire un bon film, commencez par faire un bon méchant (merci Hitchcock pour le tuyau). Pire, l'entité méchante est si mal écrite qu'elle pousse les héros dans une situation à la seule issue forcée, avec un faux choix, ce qui anéantit la morale : on est censé croire que les héros
font confiance à la jeune fille adverse car ils choisissent de s'en remettre à elle
, mais qu'auraient-ils pu faire d'autre ?
Cernés de toute part par la fatalité, et n'ayant pas envie de mourir sur place d'épuisement ou de soif (ou faim)
, ils n'ont en réalité absolument aucune autre alternative. Donc le choix final supposé, qui est la morale, n'est rien d'autre qu'une obligation (ce qui réduit l'impact du message). Et sur le sujet de la confiance (mot entendu un milliard de fois dans le film), on n'est pas tout à fait sûr (ironie) que dire aux enfants de se méfier d'absolument tout ce qui respire (les copines, les bébés, les gentilles mamies...) soit une bonne idée, le scénario aurait dû nuancer le propos de méfiance généralisée plus tôt, et ne pas dégainer la confiance aveugle à la toute fin, où elle semble sortir de nulle part. Alors, comment se fait-il qu'avec tous ces défauts criants de scénario, on ait bien aimé voir Raya et le dernier dragon ? Si l'on regarde la beauté du tracé (très beau character design), que l'on se laisse rigoler aux pitreries du dragon (merci à Géraldine Nakache, dont la voix colle parfaitement à cette personnalité), que l'on apprécie l'absence de chansons (pour nous : oui) et qu'on suive cette héroïne forte sans besoin de Musclor à côté (encore un grand "oui" pour nous), on fait confiance (pour de vrai) à Raya et le dernier dragon pour passer un bon moment en famille.