Ancien pupille de la nation devenu voyou puis écrivain à succès, Auguste Le Breton voit nombre de ses romans adaptés par le cinéma français au cours des années 50 et 60.
Réputé pour être l'inventeur officiel du verlan (écrit "verlen" à l'époque), ce dialoguiste hors-pair connaît l'argot sur le bout des doigts, et ses histoires de truands (souvent inspirées de sa propre expérience) sont particulièrement appréciées du public de l'époque, qui adore s'encanailler devant les frasques d'Henri le nantais ou de Tony le stéphanois.
Parmi les grands succès adaptés de Le Breton, on peut citer "Du rififi chez les hommes" (et toute la série de films dérivés), "Le rouge est mis", "Le clan des siciliens", et donc "Razzia sur la chnouf".
Véritable classique du polar français fifties, le film d'Henri Decoin jouit d'une certaine valeur documentaire, puisqu'on y révèle (de manière romancée, certes) les différentes facettes d'un trafic de drogue de grande ampleur, y compris les moins reluisantes, à commencer par la déchéance des consommateurs.
Le scénario se révèle agréable mais très classique, jusqu'à un twist final inattendu (tellement évident qu'on ne le voit pas venir!), à une époque où ce procédé narratif n'était pas la norme.
On quitte donc la séance sur une très bonne impression.
Côté casting, du solide, Decoin parvenant à réunir les principales têtes d'affiches de l'époque (Jean Gabin, Lino Ventura, Paul Frankeur), accompagnées de quelques seconds rôles pittoresques (Marcel Dalio, Albert Remy, Lila Kedrova).
A la rigueur, on pourra simplement tiquer sur le choix de Magali Noël (plus à l'aise chez Fellini quelques années plus tard) dans le principal rôle féminin, en raison notamment de son important écart d'âge avec Gabin.