La réalité n'est pas belle à voir. Il faut se lever tous les matins pour aller travailler, s'occuper des gosses, être un bon mari et prendre soin de sa famille. Sortir de ce quotidien morne et sans relief n'est pas chose facile, mais pour cela il y a Gran Fratello, un jeu de télé-réalité qui peut faire basculer votre vie. Depuis que Luciano a été sélectionné pour les phases finales du casting, il croit dur comme fer que ce rêve peut devenir réalité. À moins que cela ne soit un cauchemar.
Après avoir fait la description de la mafia de Naples avec Gomorra (Grand Prix du Festival de Cannes 2008), Matteo Garrone revient sur cette ville pour décrire la vie ordinaire d'une famille italienne. On y trouve une vision de son pays triste, vulgaire et malade, qui essaye de trouver son espoir dans des émissions de télé-réalité. Dieu ne semble plus être la priorité pour ces habitants qui ne voient en lui qu'utilité et intérêt.
La touche néoréaliste inhérente à l'Italie est évidente dans Reality : cette représentation du quotidien napolitain et ces plans séquence instables montrent un goût prononcé pour le réalisme pur et dur. Mais cette volonté de viser l'authentique est trahie par certaines scènes un tantinet excessives (séquence finale, excellente malgré tout) et la psychose du personnage qui finit par être redondante car trop appuyée. Le thème de la télé-réalité (très bien traitée, artificielle et montée de toute pièce) n'est finalement qu'un moyen d'analyser ce pays et toucher là où ça fait mal.
Nouveau Grand Prix du Festival de Cannes cette année pour le cinéaste avec cette oeuvre juste et surprenante qui donne à réfléchir. Beaucoup de monde souhaite trouver un échappatoire à leur existence. Mais est-ce notre vie qui est trop triste, ou la télévision qui nous promet des choses qu'elle ne peut nous offrir ?
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