Enfin un Pixar qui ne soit pas une suite, une héroïne rousse intrépide, le décor somptueux et magique des Highlands... A priori tous les feux étaient au vert pour « Rebelle », dernier né des studios à la lampe. Oui mais voilà : le mal rongeant John Lasseter et ses acolytes depuis trois films semble plus profond que prévu, comme en témoigne un résultat plus qu'en demi-teinte. Pourtant le début est séduisant : du rythme, des idées, de la fougue, de l'humour... Le talent est incontestablement là. Hélas, les failles vont apparaître rapidement pour ne plus jamais s'effacer. En effet, alors que le cadre promettait un grand film d'aventures trépidant, l'action se déroule en réalité sur cinq kilomètres grand maximum, et encore, une bonne partie se passe uniquement dans le château.
De plus, il est assez désolant de voir Pixar manquer à ce point d'imagination niveau scénario : pour tout vous dire, j'étais presque gêné de voir cette intrigue s'appuyant sur un seul et unique ressort narratif, d'autant que celui-ci n'est pas franchement le plus excitant au monde. On a parfois l'impression de se retrouver dans le pire de Disney, d'autant que la « rébellion » promise dans le titre est très relative. En effet, nous restons quand même dans les bonnes valeurs familiales qui tâchent, à l'image de cette relation mère-fille dont Mitt Romney doit sans doute penser le plus grand bien. Après, ne tombons pas non plus dans l'excès : cette Merida a de la gueule et de la personnalité, restant incontestablement comme l'un des points forts de l'œuvre.
Et puis Pixar reste Pixar, comme en témoigne une galerie de seconds rôles souvent savoureux, à l'image de cette sorcière vraiment bien trouvée. Enfin, et c'est évidemment essentiel : l'animation reste d'une beauté incomparable (quel bleu!), les différentes incursions dans la forêt s'avérant d'assez bons moments... Mais le résultat n'en est que plus frustrant tant ces qualités auraient mérité d'être au service d'un dessin animé autrement plus éblouissant. Il serait temps que Lasseter et ses potes se bougent le cul pour écrire des récits autrement plus captivants que ceux proposés depuis trois ans (surtout les deux derniers), car l'enchantement offert pendant tant d'années semble aujourd'hui bien loin... C'est triste.