Huis-clos ambitieux, viscéral, mystérieux, fascinant et stupéfiant. Prenez-en de la graine.

Mon Dieu quel plaisir de regarder de nouveau ce found footage ! Qu'est-ce qu'ils sont forts ces espagnols ! La première fois, j'ai fait l'erreur de le visionner en VF et là en VO je le redécouvre totalement !
Une série B d'une efficacité sans nom qui prend son genre au sérieux, car non seulement il y a des plans séquences difficiles à tourner, mais quand ils sont face à une limite technique, ils essayent de camoufler ingénieusement leur faux plan séquence, ce qui fait qu'on se retrouve avec une séquence de plus de 20 minutes qui nous parait tourner d'une traite !

Les personnes qui sont parties voir ce métrage pour se faire peur n'ont absolument rien compris au film et au concept même du found footage, si vous voulez avoir peur allez donc regarder les conneries sans ambitions qui pullulent chez Hollywood ou plus simplement en allant regarder des creepy pasta ridicules sur internet.
[REC] va bien au delà que de simplement faire frissonner des adolescents en manquent d'adrénaline. À l'instar de Cloverfield, le but de [REC] est de donner l'illusion du réel, d'immerger le spectateur dans un huis-clos où règne le chaos constant des plus stupéfiants, dans l'incompréhension la plus totale, ce film espagnol est viscéral à tel point que nous sommes à deux doigts de lâcher des larmes de panique, je ne blague pas, [REC] nous prend littéralement par les tripes et nous emmène dans un tunnel sans fin.

C'est exactement là que réside l'horreur fascinante du film, c'est pour ça qu'on ne s'en lassera jamais, le spectateur est littéralement un voyeuriste, on prend un plaisir malsain à s'immerger dans cet univers. Tout cela est d'ailleurs soutenu brillamment par des figurants / acteurs qui nous emportent parfaitement dans leur sensation d'incompréhension, dans leur folie ! À savoir une chose importante, j'ai lu que les acteurs ont dû improvisé (ce qui a été voulu par Jaume Balagueró et Paco Plaza, car selon eux il n'y a que comme ça qu'on peut retrouver l'effet chaotique). Il y a une scène que je dois absolument évoquer. À un moment donné, il y a un pompier qui fait une chute soudaine, non seulement cette scène est terrifiante mais elle est stupéfiante surtout quand on sait que la plupart des acteurs n'étaient pas au courant de la chute ce qui augmente drastiquement l'ampleur de la scène !

Le film nous plonge dans l'apocalypse la plus ahurissante pour terminer en apothéose dans un lieu macabre rempli d'objets occultes et de faits mystérieux insondables, une sensation de complot, un sentiment d'être face à quelque chose qui nous paraissait, autre fois, complètement ridicule ...
Ce lieu final remettra en question vos croyances, vos convictions même pour les plus sceptiques d'entre vous.

Alors, évidemment, si j'avais des reproches à faire ce serait la séquence des clés qui est une facilité scénaristique (mais bon c'est du chipotage, peut-être qu'une clé s'est distingué des autres dû à sa taille ? Sa grosseur ? D'autant plus que ce n'est pas n'importe quelle porte), en revanche mon réel reproche serait surtout envers ces 30 dernières secondes du film que je trouve tristement bâclées, rentrant dans de l'horreur pure et clôturant l'œuvre avec paresse désolante, certes, l'impact horrifique ne diminue pas, mais on aurait aimé une fin à la hauteur de ses ambitions, dommage.

Mention spéciale à l'actrice Manuela Velasco qui ne joue pas son rôle, non, elle le vit. Elle transpire la panique et l'affolement à des kilomètres, chapeau.