Le found-footage, c'est l'art de faire peu avec rien. Paranormal Activity, Blair Witch, nombre de films d'horreur se tournent vers une pratique peu onéreuse et bien profitable, sans toujours avoir le talent nécessaire. Dans le genre, [Rec] a une fonction de meneur de file : c'est un film culte, un chef-d'oeuvre du genre, une oeuvre qui a su innover et surprendre son spectateur.


Loin de nous prendre pour des cons, [Rec] s'arme d'une caméra à l'épaule intelligente et logique, constamment justifiée par les actes de nos personnages : elle découle de leurs actes, de ce qui se passe même quand ils ne la tiennent pas. C'est ainsi que les nombreux cuts sont constamment justifiés par des raisons franchement bien trouvées, sans pour autant tomber dans le mal amené. Le principe est malin, aussi vrai que l'impression de documentaire est constamment présente.


Film très efficace que celui-ci, on pourra surtout lui reprocher son travail sonore parfois trop dans l'excès : les acteurs hurlent à la mort, affichant une volonté de toujours faire plus de spectaculaire en posant son ambiance de manière bourrine. Seulement, là encore, il y a une certaine maîtrise : quand on s'y intéresse, cela décuple la tension du film, son intensité. On s'y croirait sérieusement, dans ce bâtiment en proie aux pires horreurs. L'immersion est énorme, même si la finesse de la démarche est finalement douteuse.


Une immersion facilitée par l'écriture des personnages, suffisamment bien détaillée pour les rendre tous attachants. Certains ont beau être des caricatures, ils n'en demeurent pas moins très intéressants; c'est surtout parce qu'on nous les présente humblement, sans artifices, dans leur jour le plus bas pour révéler leurs instincts véritables. Une écriture qui s'efface donc très rapidement derrière ses personnages et son intrigue, nous laissant l'impression terrible d'être tombés sur un lieu de (sur)vie absolument atroce.


D'une grande violence (sans que cela n'en soit répugnant), le film parvient à trouver son esthétique dans les mouvements de caméra précipités et les course-poursuites incessantes, entre deux coups de dents et quatre explosions de têtes. Ca saigne, ça pisse plus rouge que les rivières du Styx, ça crève plus qu'à Verdun.


[Rec], c'est l'extermination des masses, c'est un quota d'habitation zéro. Tout le monde y passe, tout le monde crève salement, parce qu'on est dans un film de zombies européen, et que les espagnols déconnent pas avec ça, prenant le contre-pied moralisateur des productions américaines. Ne vous attendez pas à un happy-end, vous n'en aurez pas. A la place, le film vous garantit sang et tripailles, morts et hurlements, jouissance morbide et choc émotionnel grave. Un petit bijou de violence.

Créée

le 20 févr. 2017

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FloBerne

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