Pour moi le monde du Western se divise en 2 catégories : le "Western propret à la John Wayne" où les vêtements sont immaculés, les visages sont beaux et rasés de près, les héros ont le sens de l’honneur et il y a le "Western crasseux à la Sergio Leone" où l’hygiène n’est pas toujours recommandable, les physiques sont communs et les éthiques sont réversibles.
Règlements de comptes à O.K. Corral fait carrément partie de la 1ère catégorie. Si le "Western crasseux" était Épopée, le "Western propret" serait Fable. C’est une philosophie différente, un univers où la réalité est édulcorée et embellie à l’image de la chanson d’introduction, véritable ode à la gloire du célèbre événement du O.K. Corral (Musique d'intro).
Réalisé en 1956, ce film est l’œuvre de John Sturges, réalisateur entre autres de Fort Bravo, des 7 mercenaires et de La Grande Evasion. Il raconte les évènements qui aboutiront à la fusillade mythique d’O.K .Corral qui, en 1881 à Tombstone, opposa Les frères Earp et Doc Holliday aux frères Clanton épaulés par les frères McClaury et Billy Claiborne. Ce sujet sera l'objet de plusieurs westerns, séries télévisées, bandes dessinées. Il inspirera même Star Trek ! (Attention moment culte ! : Episode Spectre of the gun.)
Il se concentre sur la relation d’amitié entre Wyatt Earp joué par Burt Lancaster et Doc Holliday joué par Kirk Douglas.
Wyatt Earp est un marshal, entièrement dévoué à sa mission de défense de la loi. Burt Lancaster possède un jeu d’acteur sobre mais son charisme donne de l’assurance et de l’autorité à son personnage qui guidé par le devoir et l’honneur fait de son métier un sacerdoce.
Doc Holliday est un ancien dentiste, joueur de carte professionnel et fine gâchette, il est souvent affaibli, touché par une tuberculose qui lui donne d’intenses quintes de toux. Kirk Douglas livre une performance brillante, celle d’un personnage en recherche de rédemption qui lutte contre ses accès de violence.
A noter la brève présence de Lee van Cleef qui ne possède pas encore l’aura de Sentenza, d’un jeune acteur prometteur s’appelant Denis Hopper, de Jo Van Fleet mère de James Dean dans A l’est d’Eden et de DeForest Kelley, Docteur McCoy de l'USS Enterprise.
Wyatt Earp et Doc Holliday forme un duo lié par l’amitié mais qui peut offrir une lecture à différents niveaux. Il faut savoir que le script original ne comprenait pas de relation amoureuse pour Wyatt, le producteur en fit rajouter une afin qu’il n’y ait pas trop ambiguïtés d’interprétation sur leur relation.
C’est un film, qui sans être révolutionnaire, est solide et maîtrisé. Il bénéficie en plus de la musique de Dimitri Tiomki, le plus américain des compositeurs ukrainiens, qui donne une touche qui fleure bon l’héroïsme et l’esprit pionnier.
Il raconte l’histoire éternelle du Bien contre le Mal et ne cherche pas à strictement coller à la réalité. Ainsi Wyatt Earp n’était pas un homme d’une grande probité : il aimait l’argent facile, était parieur, proxénète et avait une réputation de tricheur. Quant à Doc holliday, il était colérique, violent et un raciste convaincu.
Franchement la rédemption d’une brute raciste par un opportuniste sans intégrité sur fond de fric et de cul, ça aurait donné plus de caractère.
Enfin, c’est pour vous dire à quel point j’aime bien la crasse.