Par deux fois la phrase de Gandhi : « quoi que vous fassiez dans la vie se sera insignifiant mais c'est très important que vous le fassiez parce que sinon personne d'autre le fera » est citée dans Remember me, manière pour le film de justifier son existence. Remember me, ne comptera pas et ne sera pas retenu.
Pourtant il reste à maints égards un beau film, ses grandes qualités ne parvenant pas, hélas ! à faire taire ses défauts. Tout le propos de Remember me tient dans l'aller-vers. Remarquez les distances, les séparations, le temps que mettent les corps à se rapprocher, cette délicatesse. A l'œuvre constamment ce désir d'aller vers l'autre, Pattinson descendant de sa statue idéalisée vers une Alice réelle et réalisée. Le rapprochement des éléments épars d'une famille, la reconstruction et la réunification dans le deuil. Et c'est souvent que le film touche juste malgré le caricatural des situations et des personnages dans leurs oppositions, et qu'il parvient à toucher.
Mais s'installant dans une posture difficile à tenir dans ce double refus de l'intimisme et du politique, il semble, comme le personnage de Pattinson, faible et impuissant. En effet, ouvert sur le monde, le film laisse la question en cours de philosophie sur l'éthique et la morale à propos du terrorisme, en suspens et les affiches d'Amnesty International qui jalonnent les murs de la chambre de Pattinson sont autant de fenêtres sur le monde extérieur qui demandent un écho plus marqué. Pour autant, le projet naïf du film qui se révèle à la fin, est, bien entendu, en faisant se correspondre les drames intimes et la tragédie collective, de montrer la nécessité du rassemblement. Par bonheur, le film semble éviter l'écueil fasciste pour célébrer seulement l'union d'une communauté autour de sa douleur. Et c'est encore, malgré son ingénuité, voire sa simplicité, que quelque chose passe de diffus et d'émouvant.