Irréversible !

Le côté romantique de ce film japonais ne sort pas des sentiers battus et rebattus des milliers et des milliers de fois auparavant au cinéma. Sur sept années, on a un homme et une femme, un danseur et une chauffeuse de taxi, tout mignons tout plein, qui tombent amoureux, qui sont amoureux, qui ne le sont plus autant... enfin, ça ne fonctionne plus aussi bien pour finalement rompre, non sans laisser des regrets bien après...

Le réalisateur Daigo Matsui a dû en avoir pleinement conscience de cette grosse limite. C'est certainement pour cette raison qu'il mise pas mal dans la manière de le raconter. En fait, le récit ne suit pas l'ordre chronologique, mais (excepté un bref retour à l'époque du début du film sur la fin !), au contraire, inverse le tout pour quasiment conclure sur la première rencontre. On commence par la fin. On termine (quasi !) sur le début. Ouais, c'est le même concept que 5x2 de François Ozon ou, dans un registre fort éloigné, dans une bien moindre mesure et sur un temps bien plus restreint, Irréversible de Gaspar Noé. À cela s'ajoute que les différentes périodes montrées ont toujours lieu un 26 juillet, jour d'anniversaire du monsieur de notre couple.

Ce dernier point limite l'horizon de vue de pourquoi les deux jeunes gens ont décidé de se séparer, obligeant le spectateur à observer les éventuels divers indices égrenés pour essayer de trouver les raisons de cet acte douloureux. Ce qui est une qualité, car c'est toujours bien de laisser une part de liberté d'interprétation à celui ou celle qui visionne un film. C'est peut-être même ce qu'il y a de plus intéressant à se dégager de cette œuvre. Plus que dans un exercice de style narratif qui ne sert qu'à tenter de dissimuler un matériau, derrière cette façade, peu original, ce sont ces trous volontaires qui font le sel du long-métrage.

Autrement, Matsui fait très explicitement référence au cinéma de Jim Jarmusch, plus précisément à Night on Earth. Et encore plus précisément encore au sketch, avec Winona Ryder et Gena Rowlands, ayant pour cadre Los Angeles (oui, c'est un film à sketches, avec des personnages et des histoires indépendants les uns des autres, chacun se déroulant la nuit, avec un chauffeur de taxi et son ou ses passagers, dans une ville différente !). Et si vous n'avez pas compris le premier coup que le cinéaste fait référence au sketch du film Night on Earth, ayant pour cadre Los Angeles, avec Winona Ryder et Gena Rowlands, ne vous inquiétez pas, il vous le redit pour que ça entre bien.

Pas grand-chose à retenir du tout, si ce ne sont quelques questions sans réponse...