Cinéma et peinture, une relation complexe; la question est de savoir mettre en scène la création d'une oeuvre, qui s'élabore dans le temps, avec ses repentirs, ses doutes ses instants de grâce - je pense à ce film sur Pollock et l'action painting, cette danse des pinceaux sur une plaque de verre; tout est dit, la chorégraphie, la vélocité d'exécution, la calligraphie inspirée. On ne sait trop où va le film pour le coup assez ennuyeux de Gilles Bourdos. Son sujet n'est pas celui de la relation du peintre et du futur cinéaste; on n'aoprend rien de neuf, on ne voit rien sinon un vieillard souffrant de polyarthrite et continuant de peindre; la guerre est à l'état allusif ou prétexte à des scènes mélodramatiques appuyées; ainsi le retour de Jean avec des champs-contrechamps très lourds.Cette raideur qui touche la main du peintre se communique au film: scènes de pose très convenues, un plan d'insert ou deux sur la gouache; rien n'est dit ni suggéré du veritable travail; les seuls moments de grâce sont les plans de rideaux et tentures secoués par les jeux du vent, dans cette retraite provençale; Renoir reste distant, cantonné dans son humeur bougonne; aucune empathie; aucune reflexion sur les injonctions intérieures qui font d'un homme un artiste; c'est un figurant; à chaque plan je me rappelais le Van Gogh incarné par un Kirk Douglas rongé d'inquiétude et de doute quand il commence à peindre dans le Borinage minier. biensûr rien de commun entre la spiritualité torturée de Van Gogh et les toiles apaisées et charnues de Renoir; mais on ne sent pas le frisson de cette lumière du midi, ni ce bonheur concentré dans trois citrons; on n'est jamais complice de cette adhesion à la plénitude des formes et au miracle de la lumière. ll n'ya rien à partager.