Grangier c’est un peu comme chez Ford, s’il a bien souvent son acteur fétiche inébranlable, ça ne l’empêche pas de temps à autres de privilégier pour un film un de ses fidèles abonnés aux seconds rôles poussé pour l’occasion sur le devant de la scène avant de retrouver sagement et sans amertume sa vraie place dans les films suivants.

Ici, c’est Paul Frankeur qui gagne son heure et demie de célébrité dans le rôle forcément un peu ingrat du marchand d’art pris dans l’engrenage d’un vrai-faux Gauguin reproductible et le bon bougre profite au mieux de sa chance pour une performance des plus honnêtes.

Il est accompagné ici du fourbe Michel Auclair et du très gluant Giani Esposito à qui on souhaite à chaque apparition une mort aussi rapide que douloureuse.

C’est mignon comme tout le milieu des rapins des années cinquante, il y a la brave Annie Girardot pour consoler la caricature de marcassin, le bohême imbibé jusqu’à l’os qui nous casse les oreilles à geindre sur son petit sort minable dans une indifférence que je suis à deux doigts de qualifier de prodigieuse. Heureusement qu’il y a le reste, la petite intrigue policière, les combines minutieuses, la justesse du faussaire…

Heureusement aussi que Gilles Grangier raconte toujours très bien ses histoires, j’ai la cruauté de préférer toujours ses films avec une vraie présence à l’écran, un Gabin, un Lino ou un Bourvil, parfois par paire, mais il n’empêche que le travail est ici très joliment honnête.

Créée

le 12 mars 2014

Critique lue 807 fois

6 j'aime

Torpenn

Écrit par

Critique lue 807 fois

6

D'autres avis sur Reproduction interdite

Reproduction interdite
Val_Cancun
5

Un Gauguin et des gogos

J'ai beau savoir que les films de Gilles Grangier sont parfois médiocres, j'étais intrigué par ce "Reproduction interdite", sans doute en raison de son titre alternatif "Meurtre à Montmartre" (c'est...

le 27 avr. 2021

5 j'aime

Reproduction interdite
FrankyFockers
8

Critique de Reproduction interdite par FrankyFockers

Un galeriste parisien tombe sur un lot comprenant un Cézanne, mais le vendeur ne semble au départ pas se rendre compte de la valeur du tableau. Finalement les enchères montent, et le galeriste est...

le 4 avr. 2022

3 j'aime

2

Reproduction interdite
Fatpooper
7

Pour la Mort de l'Art

Je m'attendais à un mauvais film, je ne sais pas trop pourquoi, je ne le sentais pas. Et ben c'était agréable. L'intrigue se suit facilement. L'intérêt, c'est le point de vue choisi : celui du...

le 9 juin 2017

2 j'aime

Du même critique

Into the Wild
Torpenn
5

Itinéraire d'un enfant gâté

A 22 ans, notre héros, qui a feuilleté deux lignes de Thoreau et trois pages de Jack London, abandonne sans un mot sa famille après son diplôme et va vivre deux années d'errance avant de crever comme...

le 17 nov. 2012

471 j'aime

182

Django Unchained
Torpenn
4

Esclavage de cerveau

Aussi improbable que cela puisse apparaître à mes lecteurs les plus obtus, j’aime bien Tarantino, je trouve qu’il arrive très bien à mettre en scène ses histoires, qu’il épice agréablement ces...

le 22 janv. 2013

395 j'aime

174

Le Parrain
Torpenn
10

Le festival de Caan...

Tout a déjà été dit sur ce film, un des plus grands jamais réalisé. Tout le monde a vanté, un jour son casting impeccable : un Brando ressuscité, un Pacino naissant, bien loin de ses tics...

le 6 janv. 2011

366 j'aime

131