« The virus escaped and everybody died. » ALICE

En 2002, Resident Evil est loin d’être un mastodonte du box-office. Avec un budget d’environ 33.000.000$, il récolte un peu plus de 102.000.000$ à travers le monde. Bien que ce ne soit pas un triomphe retentissant, ce résultat est suffisant pour Constantin Film, qui détient les droits de la franchise, afin de mettre en chantier une suite sans tarder.

Paul W. S. Anderson, occupé à la réalisation de son chef d’œuvre Alien vs Predator, ne peut pas assurer la mise en scène de ce second volet. Il reste néanmoins impliqué dans le projet en tant que scénariste et producteur. Pour compenser son absence derrière la caméra, les studios font appel à Alexander Witt, un réalisateur chilien principalement connu pour son travail en tant que directeur de la photographie et réalisateur de seconde équipe sur des productions hollywoodiennes.

Contrairement au premier film, qui prenait de grandes libertés avec l’univers des jeux Resident Evil, ce deuxième opus s’inspire plus directement des événements et des personnages de Resident Evil 2 et Resident Evil 3 : Nemesis. On y retrouve ainsi des figures emblématiques comme Jill Valentine et Carlos Oliveira, ainsi que l’incontournable Nemesis, ennemi culte des joueurs. Toutefois, malgré cette volonté de coller davantage au matériau d’origine, le film conserve une intrigue en grande partie inédite, notamment en ce qui concerne le personnage d’Alice.

En 2004, Resident Evil : Apocalypse sort en salles et rencontre un succès commercial supérieur à son prédécesseur. Cette même année, Capcom sort Resident Evil : Outbreak sur PlayStation 2, un spin-off expérimental qui introduit pour la première fois un mode multi-joueur en ligne dans la saga. Le jeu se déroule également à Raccoon City, en parallèle des événements des épisodes principaux, et offre une expérience immersive grâce à son gameplay coopératif.

L’action nous plonge au cœur de Raccoon City, en proie à l’apocalypse zombie. Alors que le virus s’est propagé à une vitesse fulgurante, transformant les habitants en morts-vivants affamés, Umbrella Corporation met en place un plan radical : raser la ville à l’aide d’une frappe nucléaire pour contenir l’épidémie. Ce compte à rebours mortel pousse un groupe de survivants, composé de membres des forces spéciales, de citoyens ordinaires et de figures emblématiques des jeux, à s’unir pour échapper à la ville avant qu’il ne soit trop tard. Entre les hordes de zombies, les créatures mutantes et les agents d’Umbrella qui les traquent, leur mission devient une lutte désespérée pour la survie.

Si le premier film adoptait une approche plus orientée vers l’horreur, cette suite opère un virage radical vers l’action pure. Les séquences de tension du Hive laissent place à des fusillades effrénées, des cascades spectaculaires et des affrontements musclés contre les créatures de l’univers de Resident Evil. Le film prend des allures de blockbuster survitaminé où explosions et combats chorégraphiés priment sur l’atmosphère angoissante des jeux. Ce changement de ton, bien que dynamisant pour le rythme du film, divise les fans, certains regrettant l’ambiance oppressante du premier volet (pour dire) tandis que de rares autres apprécient ce spectacle plus spectaculaire et accessible.

Sienna Guillory campe une Jill Valentine plus vraie que nature, avec une ressemblance frappante avec son homologue vidéoludique, notamment grâce à son costume. Sa présence à l’écran me ravi, tant l’actrice parvient à retranscrire le charisme et la détermination du personnage. Elle est accompagnée de Carlos Oliveira, incarné par Oded Fehr, qui apporte une présence solide et charismatique au sein du groupe de survivants. Autour d’eux gravitent plusieurs personnages secondaires, dont la majorité semble condamnée à servir de chair à canon face aux monstres du film. Une exception notable est L.J. interprété par Mike Epps, qui apporte une touche d’humour pas très bien sentie, a côté de la plaque, mais qui permet d’alléger la tension ambiante.

Milla Jovovich reprend son rôle d’Alice, qui devient ici une véritable machine de guerre. Mais cette fois, elle est traquée par une menace de taille : le Nemesis, l’un des antagonistes les plus effrayants de la saga vidéoludique. L’adaptation de ce monstre iconique est plutôt réussie sur le plan visuel, avec son design imposant et son arsenal fidèle au jeu. Toutefois, un choix scénaristique controversé vient atténuer son impact : au lieu d’être une machine à tuer impitoyable, il est lié au personnage de Matt du premier film, transformant ce monstre terrifiant en une figure tragique presque humanisée. Ce twist diminue considérablement l’aura maléfique de Nemesis, qui passe d’une entité intraitable à une brute aux allures de gros nounours au cœur tendre.

Dans l’ensemble, le film se contente de reprendre la formule du premier, mais avec une ampleur plus grande et une mise en scène plus explosive. Malheureusement, cela se fait au détriment de l’effet de surprise qui avait pu fonctionner dans le premier volet. Le décor de Raccoon City, bien que prometteur sur le papier, est sous-exploité et ne parvient pas à restituer pleinement l’ambiance oppressante des jeux.

Mais le plus gros point de discorde reste sans doute l’évolution d’Alice : en lui conférant des pouvoirs surnaturels, le scénario trahit l’essence de la saga Resident Evil, où la survie face à des monstres redoutables est censée être un défi. Ce choix scénaristique éloigne encore davantage la saga cinématographique de son matériau d’origine, au point de perdre en crédibilité. Le cliffhanger final, qui tease encore plus de bizarreries autour d’Alice, annonce une direction toujours plus éloignée des jeux, laissant présager une saga qui s’enfoncera dans la surenchère.

Resident Evil : Apocalypse est une suite qui divise. Si son orientation plus axée sur l’action permet d’offrir un spectacle nerveux et rythmé, elle se fait au détriment de l’ambiance horrifique qui faisait le sel du premier volet. L’intégration de personnages issus des jeux, comme Jill Valentine et Carlos Oliveira, est un bon point, mais le scénario prend trop de libertés pour séduire pleinement les fans de la saga vidéoludique. L’ajout des super-pouvoirs d’Alice et l’adoucissement de Nemesis sont des décisions discutables qui affaiblissent l’ensemble. En fin de compte, ce deuxième opus s’impose comme un film d’action correct, mais une adaptation toujours plus éloignée de Resident Evil.

StevenBen
6
Écrit par

Créée

il y a 6 jours

Critique lue 1 fois

Steven Benard

Écrit par

Critique lue 1 fois

D'autres avis sur Resident Evil : Apocalypse

Resident Evil : Apocalypse
Ezhaac
4

Gare au muppet épileptique en latex

Resident Evil Apocalypse , c'est toute la médiocrité du premier opus et aucune de ses qualités. C'est une Milla super-héroïque, sorte de croisement merdique entre Neo pour le côté poseur, Chuck...

le 15 sept. 2010

10 j'aime

Resident Evil : Apocalypse
villou
7

On salue l'effort

Bon alors oui, bon, 7/10, WTF !!! Je sais, ça les mérite pas trop trop. Mais je note vraiment ce film comme un instit' qui surévaluerait volontairement la note du dernier de la classe en rédaction...

le 16 mars 2011

9 j'aime

Resident Evil : Apocalypse
Clint
4

Apocalypse Please

'Resident Evil : Apocalypse' est l'incarnation parfaite du décalage considérable qui sépare les gamers des rois de l'industrie cinématographique. En dehors peut-être de 'Doom' ou 'Max Payne', on aura...

le 8 oct. 2012

7 j'aime

Du même critique

Marvel’s Spider-Man 2
StevenBen
10

« Spider-Man didn’t save me back there, Miles did. » PETER PARKER

En 2023, cinq ans après Spider-Man et trois petites années après Spider-Man : Miles Morales, les hommes araignées reviennent dans une suite directe aux aventures des deux super-héros. Le studio...

le 4 janv. 2024

2 j'aime

L'Initiation - Dragon Ball, tome 3
StevenBen
7

« Si tu veux un conseil, n’utilise pas toute ta force… » SANGOKU

Comme la majorité des jeunes français, j’ai connu Dragon Ball le 02 mars 1988 sur TF1, dans le Club Dorothée. J’étais loin de me douter que ce dessin animé était l’adaptation d’une bande dessinée,...

le 18 oct. 2022

2 j'aime

3