Resident Evil : Apocalypse par youli
Cette deuxième version cinéma de Resident Evil fut la première expérience de réalisateur pour Alexander Witt. Une expérience qu'il n'a heureusement jamais renouvelée.
Le film fonctionne comme une suite basique d'un point de vue de producteur : il faut que tout soit comme dans le premier, mais avec plus d'action, plus d'explosions, plus de tout ! Dans ce film, tout est ainsi surenchère permanente, le tout agrémenté de nombreux effets inutiles (et moches) censés rendre le tout plus spectaculaire (alors qu'ils ont en fait tendance à faire sortir de l'action brute, et donc à créer l'effet inverse de celui recherché).
L'effet de prédilection des Resident Evil est et restera toujours le ralenti, ici utilisé pour chaque attaque de zombies. Mais ces ralentis ne sont même pas de véritables ralentis de cinéma, juste un effet cheap créé en post-production rendant chaque action floue et molle (alors-même que le pari semblait avoir été fait de rendre zombies et autres monstres tous plus rapides).
Pour en finir avec le côté surenchère, une anecdote amusante est à relever : dans le commentaire audio présent sur le DVD du premier Resident Evil, l'actrice principale Milla Jovovich (de plus en plus véritable fer de lance et figure de proue de la série) s'amusait du fait qu'elle apparaissait à moitié nue dans le film, prouvant son engagement pour celui-ci. Ce à quoi Paul W.S. Anderson (réalisateur du premier film et scénariste/producteur de cet Apocalypse) lui rétorquait que si ça avait été le cas elle aurait été entièrement nue. Coïncidence ou non, c'est bien le cas dans ce second opus...
Côté histoire, l'ambiance du complot développée dans le premier est ici poussée à grande échelle, l'infection de zombies gagnant toute la ville située au-dessus des laboratoires d'Umbrella Corp. : Racoon City. Le film, rappelant par moments le Land of the Dead de Romero, mélange ainsi des éléments des jeux Resident Evil 2 et surtout Resident Evil 3 : Nemesis. Ainsi l'ennemi principal qu'aura à affronter Alice et les quelques partenaires rencontrés au fil de l'aventure sera bien le fameux cauchemar de toute une génération de joueurs, le bien-nommé Nemesis, toujours aussi obsédé par sa quête meurtrière des S.T.A.R.S (comme dans le jeu, il n'a que ce mot à la bouche). Car parmi les nouveaux amis d'Alice, on note avec plaisir l'apparition de personnages issus du jeu (ainsi que du personnage de LJ, qui apporte une certaine dose d'humour), à savoir Jill Valentine et Carlos Olivera, plutôt convaincants. On ne peut malheureusement pas dire la même chose de Nemesis, ici digne d'un mauvais costume en plastique d'Halloween, et ayant ajouté à son lance-roquettes... une Gatling ! Autant dire qu'il apparaît vraiment invincible dans le film... À noter que le film devait s'appeler Resident Evil : Nemesis originellement, mais que les producteurs ont décidé de changer ce nom à cause du Star Trek homonyme (et qui a fait un bide) sorti peu avant.
Questions références, on remarque quelques plans imitant directement des plans des jeux, comme la mort d'un personnage enregistrée par sa propre caméra tombée au sol auparavant (tiré de la version Gamecube du premier Resident Evil), le plan dans la rue zoomant sur un casque de police reflétant un zombie, la fameuse scène du lâchage-rattrapage du pistolet pour feinter des ennemis et mieux les abattre (issu de Resident Evil : Code Veronica), ou encore le plan du missile nucléaire passant au-dessus des zombies.
À ce propos, le film reprend l'idée étrange que les média puissent gober le camouflage d'une explosion nucléaire en un accident de centrale, alors que les deux n'ont absolument pas le même impact dans la réalité (le film va même plus loin en faisant dire que la destruction de Racoon City et d'une bonne partie de ses habitants serait « la plus grosse catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl », alors qu'il est évident que le célèbre accident ukrainien – et non russe, hum hum – n'est rien par rapport à ce qu'on voit dans le film).
Du côté des absurdités, difficile d'ignorer le passage où un scientifique (dénommé Ashford, patronyme présent dans le jeu mais pour un autre personnage) situé à l'extérieur de la ville guide des survivants coincés dans celle-ci (ce qui est une idée plutôt intéressante, assez dans l'esprit d'un jeu-vidéo, piquée aux novellisations Resident Evil – de même que la théorie selon laquelle le virus T ait été créé avec de bonnes intentions par ce scientifique, avant qu'Umbrella ne vole son invention). Le problème est qu'il le fait grâce à un ordinateur tellement puissant (et bizarrement très facile à craquer et à l'interface horrible) qu'il peut contrôler à distance caméras de surveillance (au point de les faire retrouver quelqu'un dans la ville), téléphones fixes, et même téléphones portables !
À part ça, comme d'habitude, l'action prend le pas sur toute vraisemblance (les S.T.A.R.S sont des tireurs d'élite prodigieux par exemple), sans être vraiment entraînante pour autant (en même temps, difficile d'entrer dans un film où les acteurs jouent si mal les morts ; les morts-vivants, mais même ceux censé être vraiment morts – donc normalement immobiles !). Et aucune scène gore ou spectaculaire ne se détachera vraiment pour rattraper l'ensemble (à part peut-être celle des enfants zombies, en étant bon public).
Au final, le film est cohérent de bout en bout : de même qu'absolument TOUTES les « surprises » sont annoncées à l'avance de manière ostentatoire, il n'y aucune surprise quant à la qualité de cette suite, conforme à ce qu'elle laissait augurer. C'est-à-dire encore pire que le premier Resident Evil. Seule ombre à ce tableau : le teaser, meilleure idée du film, pastiche de pub L'Oréal (pour qui travaille par ailleurs Milla Jovovich).