How 'bout a ride, mister ?

Pourquoi le fait qu’un minuscule skate en plastique rose Mattel puisse devenir réalité nous excite autant ? Pourquoi Nike pourrait ne produire qu’une seule paire de chaussures et rester rentable ? La réponse tient dans ce simple titre : Retour vers le futur 2.

La réussite d’une suite tient au respect des personnages du précédent volet, mais aussi à la non-redite des éléments du précédent épisode. Cela vaut pour la musique, les jeux vidéo, les romans, la bande-dessinée, les comics (la sacro-sainte continuité) et évidemment aux films. La rupture dans la
continuité n’est pas une expression vide de sens. Combien de numéros 2 sont meilleures que le premier volet ? Terminator 2, Star Wars V, Spider-Man 2, The Dark Knight, tous respectent cette règle. Pour surpasser, il ne faut pas juste une copie améliorée, mais le plaisir d’un nouveau plongeon
dans un univers déjà connu pour des sensations inédites.

Il faut dire que les séquelles sont libérées de beaucoup de contraintes de l’opus de départ : moins de round d’observation, plus de place pour le reste. Le premier Retour vers le futur lorgnait finalement plus du côté du teenage movie que de la science-fiction malgré son pitch original. Alors que le
troisième –moins réussi- part au Far-West, le deuxième volet fonce à 88 miles à l’heure dans la science-fiction. Et c’est tellement jouissif qu’on lui pardonne tous ses écueils, à commencer par les paradoxes temporels qu’il crée, ou sa fin trop ouverte pour être honnête –les deux derniers films de
la trilogie ne devant au départ n’en faire qu’un.

On retrouve donc Marty McFly et Doc Brown où on les avait laissés, au départ vers le futur. 2015. En 1985, c’était encore un lointain futur, et un futur qui faisait rêver. Malgré la fin ouverte du premier, la suite n’était à l’origine pas prévue: on élimine donc rapidement la petite amie de l’équation, pour
se concentrer sur le cœur de la saga, le duo de héros. Si l’on se souvient souvent essentiellement de la demi-heure dans le futur du début du film, elle n’est pas le nœud de l’intrigue mais son élément perturbateur. Pourtant, elle fait preuve de tellement d’inventivité, d’humour qu’elle imprègne nos
esprits durablement pour rentrer dans notre imagination collective. De voir Marty dépassé par les éléments futuristes alors qu’il avait un coup d’avance dans le premier volet sur ce qu’allait être l’avenir amène une douce ironie dans cette suite. Le choc temporel fonctionne une nouvelle fois à
pleins tubes.

Le film joue cette fois-ci beaucoup plus avec des allers retours dans le temps, d’une manière bien plus audacieuse que le premier, avec des variables et des constantes. Pour nous maintenir en haleine, le scénario maintient le suspense sur l’impact et l’importance de tel ou tel élément, pour
nous faire nous demander comment évolueront les choses si un élément ou un autre est modifié. On entre ainsi dans certains univers beaucoup plus sombres que la saga laissait envisager. Ce qui nous fait plonger de A à Z dans le film, c’est l’énergie folle qui se dégage de chaque scène, la passion et la bonne humeur qui semble émaner de chaque plan. Impossible de ne pas succomber au charme électrique de cette suite, et de vouloir devenir l’ami de Doc et Marty. Aucun enfant qui a vu ce film n’a jamais quitté la DeLorean.