Pour être emporté par ce film, mis en avant par sa sélection dans la Quinzaine des cinéastes à Cannes, il suffit de voir, de comprendre que l'ensemble est le monde représenté à travers le regard de l'enfance ou tel que l'enfance souhaite se représenter le monde.


Quand on voit des gamins vivre des aventures, livrés à eux-mêmes, dans des cadres naturels, on serait tenté de penser tout de suite et uniquement à des œuvres comme Les Goonies ou Stand By Me, voire à la série Stranger Things. Pourtant, c'est bien ailleurs qu'il faut chercher des références importantes dans la composition de ce long-métrage.


Il y a l'univers du conte, ne serait-ce qu'avec cet antagoniste ayant la carrure géante d'un ogre ou cette antagoniste possédant les pouvoirs d'une sorcière maléfique. La colorimétrie du cinéma en prises de vue réelles des films des studios Disney des années 1970 renforce cette impression.

Et il y a aussi l'univers du jeu vidéo. Cela paraît, avec le recul, évident avec le gros indice balancé dès le début, avec le vol d'une console par nos trois très jeunes protagonistes et par la recherche du mot de passe pour pouvoir y jouer. Il y a la quête de plusieurs items, l'un étant nécessaire pour débloquer l'autre et ainsi de suite, l'ultime étant un œuf tacheté. On suit le même principe que dans un Zelda par exemple, l'air de rien.


Riddle of Fire de Weston Razooli pourrait tout à fait être l'adaptation d'un jeu vidéo de fantasy sur grand écran, mais avec les moyens du bord. Avec les finances limitées d'un film indépendant, qui plus est d'un cinéaste débutant dans le long-métrage, on n'a pas des effets spéciaux spectaculaires, on n'a pas de combats titanesques face à des créatures démesurées. On est dans des décors réalistes (l'Utah incarnant à merveille la beauté du Wyoming !), que le commun des mortels peut fréquenter (tout prend une tournure incroyable à partir d'un passage dans un supermarché !). Loin des objectifs nobles et grandioses des épopées, on a des attitudes et des ambitions véristes, d'une grande banalité en apparence. Le 16 mm remplace l'écran large. La bonne vieille et indépassable péloche ne laisse rien à la tentation du numérique.


Pour tout dire, le charme de ce film réside dans la croisée entre deux univers a priori diamétralement opposés, mais qui, pourtant, se complètent harmonieusement. Je peux ajouter à cela le naturel et l'alchimie entre les trois comédiens principaux. Le tout fait de Riddle of Fire une œuvre agréablement atypique.

Plume231
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le 17 avr. 2024

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